Depuis quelques années, la physique quantique met en lumière une étrange forme de matière : les cristaux temporels. Contrairement aux cristaux ordinaires, qui possèdent une structure répétitive dans l’espace, ces cristaux d’un genre inédit évoluent selon un cycle qui se répète dans le temps, sans apport d’énergie extérieure. Un phénomène qui semble défier les lois de la physique classique. Mais une équipe de chercheurs de l’Université Washington de Saint-Louis et du MIT vient d’aller encore plus loin en découvrant un nouveau type de cristal temporel, encore plus fascinant : le quasi-cristal temporel. Cette avancée pourrait permettre de mieux comprendre certains mystères de la mécanique quantique et ouvrir la voie à des technologies inédites.
Qu’est-ce qu’un cristal classique ?
Dans notre monde quotidien, un cristal est un solide dont les atomes sont disposés selon un motif périodique dans l’espace. C’est cette organisation ordonnée qui donne naissance aux magnifiques structures des diamants, du quartz ou du sel.
La répétition régulière des atomes confère aux cristaux des propriétés remarquables : ils peuvent diffracter la lumière, conduire l’électricité d’une manière spécifique ou encore stocker des informations à l’échelle atomique. Cette notion d’ordre régulier dans l’espace est fondamentale en science des matériaux.
Un cristal qui évolue dans le temps
Cela étant dit, en 2012, le physicien Frank Wilczek proposa une idée audacieuse : et si, au lieu d’un motif qui se répète dans l’espace, il existait une structure capable de se répéter… dans le temps ? Un cristal temporel serait alors une forme exotique de matière oscillant spontanément à intervalles réguliers sans consommer d’énergie. En d’autres termes, il suivrait un cycle de mouvement perpétuel, comme une horloge qui fonctionnerait sans jamais avoir besoin d’être remontée.
En 2016, des chercheurs sont finalement parvenus à créer expérimentalement un premier cristal temporel, confirmant que cette phase de la matière existe réellement. Depuis, plusieurs études ont perfectionné cette technologie, avec des applications potentielles en informatique quantique et en métrologie.
Une découverte qui change la donne
Jusqu’ici, les cristaux temporels fonctionnaient selon un schéma répétitif fixe, oscillant à une fréquence précise et régulière. Mais la récente découverte de l’équipe du MIT va plus loin : ils ont créé un quasi-cristal temporel, une structure encore plus inhabituelle.
Contrairement aux cristaux temporels classiques, un quasi-cristal temporel ne suit pas une répétition stricte. Son cycle évolue légèrement à chaque oscillation, sans jamais se répéter exactement à l’identique.
Pour réaliser cet exploit, rapporté dans la revue Physical Review X, les chercheurs ont utilisé un minuscule morceau de diamant, qu’ils ont bombardé de faisceaux d’azote afin de créer des espaces vides dans sa structure atomique. Ces vides ont ensuite interagi avec des électrons libres sous l’effet de micro-ondes, déclenchant un rythme oscillatoire unique.
