En étudiant un ensemble de fossiles provenant de l’Afrique du Sud, des chercheurs ont découvert que Paranthropus robustus, un ancêtre humain primitif, marchait debout tout comme les humains modernes. Cette découverte apporte des éclairages nouveaux sur l’adaptation locomotrice de nos ancêtres et sur la manière dont ils se déplaçaient dans leur environnement.
Qui est Paranthropus robustus ?
Paranthropus robustus est une espèce d’hominidé éteinte identifiée pour la première fois dans les années 1930. Les premiers fossiles de cette espèce, qui vécut il y a environ deux millions d’années, ont été découverts en Afrique du Sud, notamment dans les célèbres grottes de Swartkrans, un site archéologique clé situé près de Johannesburg. Ce site a fourni une quantité impressionnante de fossiles, notamment des crânes et des dents, ce qui a permis aux chercheurs de reconstituer les caractéristiques anatomiques et comportementales de l’espèce.
Dans les années 1940 et 1950, l’anthropologue Robert Broom, l’un des pionniers de l’étude des hominidés fossiles, a notamment joué un rôle majeur dans l’identification de Paranthropus robustus, qu’il a classé parmi les premiers représentants d’une lignée d’hominidés plus proches des humains modernes que des grands singes. La découverte de cette espèce a renforcé l’idée qu’au fil de l’évolution, certains ancêtres humains avaient évolué vers une taille et une morphologie distinctes, adaptées à des régimes alimentaires spécifiques et à des environnements divers.
Pendant des décennies, cependant, la compréhension des habitudes locomotrices de Paranthropus robustus est restée floue. Bien que les fossiles montrent que cette espèce avait une mâchoire robuste et des dents adaptées à un régime alimentaire dur, les questions concernant sa posture et sa locomotion, notamment sa capacité à marcher debout, ont continué à intriguer les chercheurs, d’où l’intérêt de ces nouveaux travaux.
La confirmation de la bipédie : une avancée majeure pour l’évolution humaine
Les nouveaux fossiles identifiés ont été fouillés dans le même système de grottes. L’un des éléments les plus intéressants de cette découverte est qu’elle nous apporte enfin des preuves directes sur la posture et la locomotion de cet ancêtre humain. Ce groupe de fossiles, constitué de fragments d’os de la hanche, de la cuisse et du tibia, appartient à un jeune adulte de Paranthropus robustus, probablement une femelle. L’analyse a montré que l’individu mesurait environ un mètre pour 27 kg, un gabarit plus petit que celui d’autres espèces humaines primitives comme Australopithecus afarensis, mieux connu sous le nom de Lucy, ou encore Homo floresiensis, surnommé le Hobbit. Bien qu’étonnante, cette petite taille ne signifie pas nécessairement que l’espèce était moins capable de se défendre ou de survivre dans son environnement.
L’une des découvertes les plus significatives concerne la confirmation que Paranthropus robustus était un bipède, à l’instar des humains modernes. Les fossiles ont montré que cet ancêtre marchait debout, utilisant ses jambes et ses hanches de manière similaire à la locomotion humaine. Cette confirmation nous rapproche d’une meilleure compréhension de la façon dont la bipédie a évolué au fil du temps et comment elle est devenue une caractéristique clé de notre propre lignée évolutive.
Bien que Paranthropus robustus ait été plus petit que ses contemporains, sa capacité à se tenir debout est un indice important de son évolution et de son adaptation à un mode de vie terrestre. Les scientifiques estiment que cette bipédie a joué un rôle crucial dans la survie de l’espèce, notamment en permettant une meilleure gestion des déplacements dans des environnements variés et une plus grande efficacité dans la recherche de nourriture.

Les risques encourus par la petite taille et les défis écologiques
Bien que lui ayant conféré certains avantages, comme une mobilité dans les milieux plus denses, la petite taille de Paranthropus robustus l’aurait également rendu vulnérable aux prédateurs. En effet, l’espèce devait se confronter à des dangers tels que les grands félins et les hyènes géantes qui peuplaient la région autour de la grotte de Swartkrans. Cette vulnérabilité est en partie confirmée par les marques de dents et autres traces de mastication observées sur les fossiles, ce qui laisse penser que certains membres de l’espèce ont été victimes de prédation.
Néanmoins, cette découverte ne remet pas en cause la survie à long terme de Paranthropus robustus qui a perduré pendant plus d’un million d’années dans cette région. Les chercheurs ont en effet trouvé de nombreuses preuves d’utilisation d’outils en pierre et en os sur les sites associés à l’espèce. Ces outils, utilisés pour abattre des animaux ou récolter des racines et des insectes souterrains, témoignent de la capacité de P. robustus à s’adapter et à utiliser son environnement à son avantage.
Les outils et la cognition : Paranthropus robustus, un fabricant d’outils ?
Une question demeure en suspens :cette espèce était-elle un fabricant et un utilisateur d’outils ou ces activités étaient-elles réservées à son contemporain Homo ergaster ? Les découvertes récentes suggèrent que Paranthropus robustus était capable de fabriquer et d’utiliser des outils, bien que la question de l’origine de ces pratiques reste ouverte. Ce développement pourrait bien indiquer des capacités cognitives plus complexes que celles que l’on attribuait auparavant à cette espèce. De nouvelles recherches en cours, y compris des analyses par tomodensitométrie des structures osseuses internes, devraient fournir davantage de détails sur la manière dont P. robustus a évolué pour utiliser ces outils dans son quotidien.