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Des araignées zombies infectées par un champignon découvertes dans des grottes irlandaises

Des araignées zombies infectées par un champignon découvertes dans des grottes irlandaises

  • vendredi 7 février 2025
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Des scientifiques ont découvert une espèce de champignon qui infecte les araignées et semble contrôler leur comportement en les forçant à quitter leurs cachettes habituelles avant de succomber à l’infection mortelle. Observé dans des grottes d’Irlande du Nord et de la République d’Irlande, celui qui répond au doux nom de Gibellula attenboroughii s’ajoute ainsi à la liste croissante de champignons capables de manipuler leurs hôtes. Cette découverte soulève au passage des questions sur la façon dont les champignons peuvent altérer le comportement animal… et sur les risques pour l’humain.


Comment un champignon contrôle-t-il ces animaux ?

Dans un scénario digne de la série télévisée The Last of Us, des systèmes de grottes jusque-là inexplorés en Irlande du Nord et en République d’Irlande ont révélé d’étranges arachnides zombies. L’espèce fongique responsable de cette zombification a été baptisée Gibellula attenboroughii en hommage au célèbre naturaliste Sir David Attenborough. Directeur de BBC Two entre 1965 et 1969, cet homme a en effet joué un rôle clé dans le développement de l’Unité d’Histoire Naturelle qui a ensuite produit la série documentaire où la découverte a été annoncée.

Les chercheurs ont constaté que ce champignon infecte les araignées tisseuses orbitèles des grottes (Metellina merianae) et modifie leur comportement habituellement très discret. L’équipe a en effet observé des araignées agrippées aux parois et aux plafonds des grottes après avoir quitté leurs toiles et leurs refuges sous l’effet de l’infection. Le champignon force les araignées à s’aventurer dans des espaces ouverts et exposés avant de les consumer entièrement pour maximiser la dispersion des spores, ce qui assure ainsi la continuité du cycle d’infection.

araignée zombie Metallina merianae champignon Gibellula attenboroughii
Crédits : Evans et coll. Fungal Systematics and Evolution, 2025.

Dans leur étude publiée dans Fungal Systematics and Evolution, les scientifiques soupçonnent le champignon de produire des métabolites qui modifient profondément le comportement des arachnides. Ils citent notamment l’emploi de la dopamine qui pourrait influencer le système nerveux des animaux hôtes. Ils rappellent que des composés similaires ont d’ores et déjà été identifiés chez d’autres champignons capables de manipuler le comportement de différents insectes.


Quels autres champignons agissent de cette manière ?

Cette découverte n’est en rien inédite dans la nature. Des stratégies similaires de manipulation des hôtes ont par exemple été observées chez les champignons Ophiocordyceps qui infectent les fourmis dans les forêts tropicales et les contraignent à grimper en hauteur avant de les tuer, ce qui permet ainsi la dispersion de ses spores à partir de leurs cadavres. De la même manière, Entomophthora muscae infecte les mouches domestiques en les forçant à mourir dans des positions qui maximisent la propagation de ses spores vers de nouveaux hôtes.

Les archives historiques suggèrent en outre que des champignons du genre Gibellula affectent les populations d’araignées des îles Britanniques depuis plusieurs années. Des chercheurs ont également trouvé des preuves d’infections fongiques répandues parmi les araignées du Norfolk et du Pays de Galles, ce qui soulève toujours des préoccupations quant aux conséquences écologiques potentielles.

Bien que ces champignons puissent en effet jouer un rôle dans la régulation des populations d’araignées, les scientifiques insistent sur la nécessité de poursuivre les recherches pour mieux comprendre leur impact réel sur les écosystèmes. Ils prévoient ainsi à présent d’étudier plus en détail le rôle de ces champignons dans la dynamique des populations d’araignées ainsi que les métabolites qu’ils produisent pour exploiter une niche écologique aussi spécifique. Ces espèces intéressent également la recherche médicale, car certains de leurs composés chimiques pourraient s’avérer utiles, notamment pour le traitement du cancer.


araignée zombie Metallina merianae champignon Gibellula attenboroughii
On discerne ici à peine l’araignée, complètement couverte de spores. Crédits : Evans et coll. Fungal Systematics and Evolution, 2025.

Faut-il craindre que cette infection fongique puisse un jour contrôler le comportement humain ?

L’idée de champignons capables de manipuler le comportement humain est un thème récurrent de la science-fiction, notamment dans The Last of Us, une œuvre justement inspirée du champignon réel Ophiocordyceps mentionné tantôt. Cependant, bien que certains champignons puissent produire des composés psychoactifs, aucun champignon connu ne possède la capacité de contrôler le comportement humain de la même manière qu’ils le font avec les insectes ou les araignées.

Selon l’épidémiologiste Tara C. Smith, non affiliée à la présente étude, les champignons comme Ophiocordyceps sont uniquement adaptés à des hôtes insectes spécifiques, ce qui signifie qu’ils ne présentent aucun risque direct pour les humains. « Étant donné qu’ils sont très spécialisés, les espèces individuelles de champignons Ophiocordyceps n’infectent qu’un nombre limité d’insectes et n’infectent pas du tout les humains ». Ouf.

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