Un tumulus vieux de 700 ans découvert au Pérou contenait les restes de 76 enfants et de deux adultes sacrifiés, tous ayant subi une opération rituelle. Cette découverte, réalisée dans la région de Pampa La Cruz, près de la ville côtière de Trujillo, éclaire les pratiques rituelles des Chimú, une civilisation fascinante qui a prospéré dans cette région avant l’avènement des Incas. La signification de ces sacrifices soulève des questions profondes sur les croyances et les pratiques des sociétés précolombiennes.
Qui étaient les Chimú ?
Les Chimú sont une civilisation majeure qui prospéra entre le douzième et le quinzième siècle dans le nord du Pérou et occupait une région côtière riche en ressources. Ils sont souvent considérés comme l’une des cultures précolombiennes les plus avancées de l’époque, en raison de leurs réalisations artistiques, de leurs compétences en textile et de leurs innovations agricoles. En dépit des défis posés par leur environnement désertique, les Chimú ont en effet su développer des techniques d’irrigation avancées qui leur ont permis de cultiver des terres arides et d’étendre leur agriculture. Cela a été crucial pour le soutien de leur population croissante et pour le développement de leur société complexe.
Un des témoignages les plus emblématiques de la civilisation chimú est Chan Chan, leur capitale, qui est aujourd’hui le plus grand site archéologique en adobe d’Amérique précolombienne. Chan Chan s’étend sur environ vingt kilomètres carrés et était un centre urbain extrêmement élaboré, doté de palais, de temples et d’infrastructures administratives. Les bâtiments étaient construits en adobe, un matériau local, et leurs murs étaient souvent décorés de motifs géométriques et de sculptures symboliques. La planification urbaine et l’architecture de Chan Chan témoignent du savoir-faire et de l’organisation sociale des Chimú ainsi que de leur capacité à mobiliser des ressources et de la main-d’œuvre pour des projets de grande envergure.
Un nouveau tumulus au Pérou
Les Chimú pratiquaient aussi des sacrifices qui faisaient partie intégrante de leurs rituels religieux et de leurs croyances cosmologiques. Ces sacrifices, qui incluaient des offrandes humaines et animales, étaient souvent réalisés dans le but d’apaiser les dieux, d’assurer la prospérité des récoltes ou de célébrer des événements importants. Il y a plusieurs semaines, des archéologues ont fouillé les restes d’un ancien tumulus qui témoigne justement de ces pratiques rituelles.
Ce tumulus mesure environ 60 mètres de long et 20 mètres de large. À l’intérieur, les archéologues ont trouvé les restes de 76 enfants, dont les poitrines avaient été ouvertes de la clavicule jusqu’au sternum. Les corps étaient nus et leurs vêtements avaient été placés à proximité. Ce type de sacrifice rituel est en accord avec d’autres découvertes similaires au Pérou, notamment une fouille antérieure où 76 autres victimes d’enfants avaient été identifiées.
Les objets retrouvés dans le tumulus, comme des carrés d’argent et de cuivre qui auraient pu être cousus sur les vêtements des enfants ainsi que des ornements d’oreilles et des coquillages de Spondylus, renforcent l’importance culturelle de ces rituels. Les coquillages de Spondylus étaient très précieux pour les Chimú, souvent considérés comme plus précieux que l’or, et leur présence dans ce contexte souligne l’importance accordée à ces sacrifices.

Analyse et interprétation
Cette découverte est significative, car elle montre que les pratiques rituelles des Chimú pourraient avoir inclus le sacrifice d’individus d’autres civilisations, en l’occurrence, leurs voisins Lambayeques. Des recherches isotopiques ont en effet révélé que les enfants sacrifiés avaient un régime alimentaire et des isotopes correspondant à ceux de la région de Lambayeque, suggérant donc qu’ils pourraient avoir été des captifs ou des personnes conquises par les Chimú.
Les fouilles à Pampa La Cruz ouvrent donc de nouvelles perspectives pour mieux comprendre non seulement les Chimú, mais aussi leurs interactions avec d’autres cultures de la région. Les chercheurs prévoient d’élargir leurs fouilles à Chan Chan pour approfondir leur connaissance de cette société complexe.