Une équipe d’archéologues au Maroc a récemment fouillé les vestiges d’une colonie vieille de plus de 4 200 ans, ce qui est bien antérieur à l’arrivée des Phéniciens dans la région vers 800 avant J.-C.
Une colonie datant de 4 200 ans
Les fouilles ont eu lieu sur le site de Kach Kouch, situé dans le nord-ouest du Maroc, sur la côte atlantique, à proximité de l’embouchure de l’oued Kach Kouch, d’où il tire son nom. Sur ce site, des archéologues ont trouvé des traces d’habitation remontant à 2200-2000 avant J.-C. (environ 4200 ans). Parmi les découvertes figurent des tessons de poterie, des os de vache et des pierres ébréchées. Toutefois, il n’a pas été prouvé que cette colonie était permanente à cette époque.
C’est autour du 13e siècle avant J.-C. que la colonie de Kach Kouch prend véritablement son essor. Les chercheurs ont en effet mis au jour des vestiges de maisons construites selon la technique du « torchis », un matériau fait de terre et de bois qui était typique de l’époque. Ces constructions témoignent d’un mode de vie développé et organisé.
L’économie de la colonie de Kach Kouch était visiblement florissante, en grande partie grâce à l’agriculture et à l’élevage. Les habitants cultivaient des céréales comme l’orge et le blé, ainsi que des légumineuses telles que des haricots et des pois. Les archéologues ont aussi retrouvé plus de 8 000 ossements d’animaux, ce qui révèle que les habitants élevaient des bovins, des moutons et des chèvres.
L’arrivée des Phéniciens et une réévaluation de l’histoire
Jusqu’à présent, il était largement admis que les Phéniciens étaient les premiers à s’installer sur la côte du Maroc et de l’Afrique du Nord. Ces derniers, originaires de la région du Levant (actuel Liban), étaient connus pour leurs compétences maritimes exceptionnelles. Leur réseau commercial s’étendait de la Méditerranée orientale aux côtes de l’Afrique du Nord, notamment à partir du 9e siècle avant J.-C. Leur présence sur la côte du Maroc est également traditionnellement associée à la fondation de colonies telles que Carthage, en Tunisie, vers 800 avant J.-C. Cette ville allait devenir une puissance maritime et commerciale majeure, rivalisant avec Rome et les grandes cités grecques.
Les Phéniciens ont donc marqué un tournant dans l’histoire de la région, leur influence ayant contribué au développement de grandes cités commerçantes et à l’essor du commerce méditerranéen. Cependant, les récentes découvertes sur le site de Kach Kouch remettent en question cette vision longtemps acceptée. En effet, les vestiges retrouvés sur ce site témoignent d’une présence humaine bien antérieure, avec des pratiques agricoles avancées, une organisation sociale, et une architecture propre à la région.
Cette réévaluation historique ouvre de nouvelles perspectives sur la manière dont les Phéniciens ont interagi avec les sociétés autochtones. Plutôt que d’imposer une culture étrangère, il semble qu’ils aient cohabité avec les habitants locaux, les deux cultures exerçant une influence réciproque sur leurs traditions. Par exemple, les archéologues ont découvert des traces d’une « hybridation » architecturale à Kach Kouch, où des techniques locales ont été combinées avec des méthodes phéniciennes, comme l’utilisation de bases en pierre pour les maisons en torchis.
Cette découverte révèle donc une histoire plus complexe et plus ancienne de peuplement humain dans la région, qui était jusque-là mal connue.
