Pour la première fois, des paléontologues ont identifié des empreintes laissées par des oiseaux-terreur qui représentent une famille éteinte de grands oiseaux carnivores incapables de voler. Que nous apprend cette nouvelle découverte sur ces anciens prédateurs d’Amérique du Sud ?
De grands oiseaux prédateurs
Les Phorusrhacidae, que l’on appelle aussi oiseaux-terreur, forment une famille d’oiseaux carnivores éteints. Ces animaux (vingt espèces réparties en quatorze genres) ont vécu principalement en Amérique du Sud au cours du Cénozoïque, il y a environ 62 à 1,8 million d’années. Certains membres de cette famille pouvaient atteindre une hauteur de près de trois mètres.
Contrairement à la plupart des oiseaux, les Phorusrhacidae étaient incapables de voler. Leurs ailes étaient en effet réduites. En revanche, leurs membres antérieurs particulièrement musclés et leur masse corporelle élevée (jusqu’à 70 kg) en faisaient des prédateurs terrestres redoutables. Nous savons que ces oiseaux-terreur se nourrissaient d’une variété de proies, y compris de petits mammifères, d’autres oiseaux, de reptiles et d’amphibiens.
Des empreintes inédites
Par ailleurs, une équipe de paléontologues dirigée par Ricardo Melchor, de l’Université nationale de La Pampa, a récemment identifié les premières empreintes certifiées appartenant à l’un de ces oiseaux. Celui-ci intégrait probablement la sous-famille des Mesembriornithinae, dont les membres ont été récemment découverts dans des affleurements côtiers de la formation Río Negro, dans le golfe de San Matías (côte atlantique de l’Argentine).
D’après les analyses, ces empreintes remontent à près de huit millions d’années, ce qui nous ramène à l’époque du Miocène supérieur. Elles sont attribuées à un nouvel ichnogenre (basé uniquement sur les traces ou les empreintes fossiles) et à une nouvelle ichnoespèce appelée Rionegrina pozosaladensis.
En considérant une hauteur aux hanches de 0,81 mètre, la vitesse estimée de cet oiseau était de 2,74 m/s, tandis que sa masse corporelle est estimée à environ 55 kg.

Que nous apprend cette découverte ?
Les chercheurs ont pu déduire plusieurs caractéristiques, dont une posture fonctionnellement didactyle. Cette expression fait référence à la disposition des doigts chez ces oiseaux-terreur. En d’autres termes, ces oiseaux avaient deux doigts orientés vers l’avant qui étaient fonctionnels pour la capture et la préhension des proies, tandis que les trois doigts orientés vers l’arrière étaient adaptés pour la course et offraient une stabilité lors de la poursuite des proies.
Plus précisément, le quatrième doigt semblait particulièrement important pour stabiliser leur course, ce qui les aidait à poursuivre activement leurs proies. On apprend également que le deuxième doigt était muni d’une grande griffe incurvée utilisée pour les saisir, tandis qu’un coussinet métatarso-phalangien attenant était probablement présent pour fournir une meilleure adhérence lors de la préhension.
Cette combinaison de caractéristiques anatomiques confirme ainsi que les oiseaux-terreur étaient adaptés à la fois pour la course et pour la capture de proies.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Scientific Reports.