Il y a peu, un document de l’astronome Johannes Kepler a fait l’objet d’une nouvelle lecture par des chercheurs japonais. Il s’agit d’un dessin d’observation des taches solaires réalisées au début du XVIIe siècle à l’aide d’une chambre noire. En quoi cette nouvelle lecture est-elle utile ?
Un dessin datant de 1607
Rappelons tout d’abord que le champ magnétique du Soleil suit des cycles de onze années qui alternent entre des phases d’activité intense et de calme. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, les astronomes s’intéressent grandement à ce phénomène et pas moins de 25 cycles ont eu lieu jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, une anomalie intrigue encore les chercheurs, à savoir une phase d’accalmie solaire très étrange qui a perduré entre 1645 et 1715. Il s’agit de ce que l’on nomme le grand minimum solaire ou minimum de Mauder.
Afin de mieux cerner le phénomène, les scientifiques de l’époque auraient eu besoin de données antérieures à ce grand minimum, mais il se trouve que les observations du Soleil au télescope n’ont débuté que quelques années auparavant. Cependant, l’astronome allemand Johannes Kepler, connu pour ses lois du mouvement planétaire, avait visiblement apporté sa pierre à l’édifice.
L’astronome est à l’origine d’un dessin d’observation des taches solaires réalisé à l’aide d’une chambre noire et datant de 1607. Or, des astronomes japonais ont réalisé une nouvelle lecture de ce dessin, dont les détails ont fait l’objet d’une publication dans la revue The Astrophysical Journal Letters le 25 juillet 2024 ainsi que d’un communiqué de presse.

Pourquoi ce document est-il intéressant ?
Selon l’équipe d’astronomes de l’Université de Nagoya (Japon), Johannes Kepler se serait trompé, pensant avoir observé un transit. Autrement dit, cette nouvelle lecture est nécessaire. Il faut dire qu’étant donné qu’il ne s’agit pas d’une observation télescopique, le document n’a pas été discuté ni utilisé dans le cadre d’analyse des cycles solaires au XVIIe siècle. Néanmoins, il est tout de même ici question du plus ancien croquis de tache solaire jamais réalisé avec une observation instrumentale et une projection.
Jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs se basaient sur les anneaux de croissance des arbres pour avoir une idée des cycles solaires. Néanmoins, les observations se contredisent parfois et il est difficile de comprendre de quel cycle il est question. Le dessin de Johannes Kepler est quant à lui très clair : les observations concernent le cycle 13 ainsi que la transition vers le cycle suivant qui s’est quant à elle déroulée normalement.
Si les causes du grand minimum solaire restent encore à découvrir, le document de l’astronome allemand permet d’interpréter les changements de comportement solaire dans une période charnière marquant une transition des cycles solaires réguliers vers ce même grand minimum solaire.