(Agence Ecofin) - Selon une nouvelle synthèse des résultats de différentes recherches (méta-analyse) sur la covid-19, la chloroquine est inefficace dans le traitement contre la maladie. Entrainant même une surmortalité lorsqu’elle est combinée à l’azithromycine.
Les traitements impliquant l’hydroxychloroquine ne fonctionnent pas pour lutter contre la Covid-19. C’est ce que confirme une nouvelle méta-analyse réalisée par six coauteurs dont trois chercheurs des universités de Neuchâtel et de Lausanne qui ont répondu à l’initiative d’un doctorant de l’Inserm en France. L’étude a désormais été publiée dans la revue spécialisée Clinical microbiology and infection, annonce un communiqué de l’université de Neuchâtel.
Peu après le début de la crise sanitaire, un médicament anti-malaria à base d’hydroxychloroquine (HCQ) a été prescrit à des patients atteints par le SARS-CoV-2, avec des effets supposément positifs dans la lutte contre la maladie. Rapidement toutefois, des doutes ont émergé au sein de la communauté médicale et scientifique. D’autres analyses comprenant des cohortes plus nombreuses aboutissaient à des conclusions contradictoires.
Après avoir passé au crible plus de 800 articles scientifiques, publiés dans des revues à comité de relecture ou mis à disposition en preprint, les auteurs de la présente étude en ont retenu 29. Le tout porte au final sur un total de plus de 33 000 patientes et patients.
Les six scientifiques en concluent que les prises de HCQ seule n’ont pas d’effet sur la mortalité des personnes hospitalisées, quel que soit leur âge. Le traitement ne réduit pas le risque de décès, mais n’entraîne pas non plus de surmortalité chez les personnes hospitalisées. En revanche, l’administration conjointe d’HCQ et d’azithromycine, un antibiotique, provoque une augmentation du risque de décès de 27% chez les patients hospitalisés.
La Covid-19 a faible une faible létalité
Pour l’un des coauteurs de cette méta-analyse, Matthieu Mulot, biologiste et statisticien travaillant à l’Université de Neuchâtel, « l’HCQ a été administrée au début de façon massive, avec ou sans azithromycine, alors que la létalité de la Covid-19 est faible, de l'ordre de 0.5%, voire moins. Donc le ratio bénéfice/risque était difficilement perceptible ».
Poursuivant, le chercheur fait remarquer que « si on est dans le cas d'une maladie qui tue 50% des gens, alors on ne risque pas grand-chose à tester un traitement, puisque de toute façon le patient a une chance sur deux de mourir. Ce n'était pas le cas ici. De plus, dans le protocole proposé par Didier Raoult, la posologie de HCQ est bien supérieure à ce qu'on a l'habitude de prescrire contre le paludisme ou les autres maladies. On a donc fatalement davantage d'effets secondaires, parmi lesquels on compte des problèmes cardiaques, ce qui est aussi le cas pour l’azithromycine ».
« Au final, on avait une maladie très peu mortelle, avec un traitement aux effets secondaires potentiellement graves, et donc il fallait essayer d’analyser objectivement si ce traitement permettait de réduire la mortalité liée à la Covid ou si, au contraire, le traitement entraînait une surmortalité. Maintenant on le sait : l’HCQ seule est inutile, et entraîne une surmortalité lorsqu’elle est combinée à l’azithromycine », conclut Matthieu Mulot.
La méta-analyse est une analyse qui compile et synthétise les résultats de différentes études en recherche médicale. Elle permet d'augmenter la puissance statistique, c'est-à-dire la probabilité de trouver un résultat significatif, de sorte à mettre en évidence l'effet d'un traitement quand des essais de petite taille ne permettent pas forcément de conclure.
Borgia Kobri