(Agence Ecofin) - En avril 2020, une note diplomatique française prédisait un effet apocalyptique du coronavirus en Afrique. Pourtant, bien que les chiffres de contamination soient sous-estimés, le continent fait preuve d’une résilience qui continue d’interroger la communauté scientifique.
Plus des deux tiers de la population africaine auraient été en réalité infectés par la covid-19. C’est ce qu’a révélé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le jeudi 7 avril, à la suite d’une analyse effectuée sur la base d’une série d’études publiées sur la séroprévalence en Afrique entre janvier 2020 et décembre 2021.
« Le document révèle que l’exposition au SARS-CoV-2 a connu une forte hausse de 3 % (dans une marge comprise entre 1 % et 9,2 %) en juin 2020 pour s’établir à 65 % (dans une marge comprise entre 56,3 % et 73 %) en septembre 2021. Ce qui équivaut à 800 millions d’infections, alors que seulement 8,2 millions de cas ont été notifiés sur la même période », indique l’institution qui pointe du doigt les variants bêta et delta de la maladie. Ainsi, le nombre réel d’infections sur le continent serait jusqu’à 97 fois supérieur à celui déclaré en Afrique, alors qu’on estime que dans le monde, le nombre d’infections serait en moyenne 16 fois plus élevé que celui des cas confirmés.
Jusqu’à 65% des Africains ont été infectés par le virus responsable de la #COVID-19, selon une analyse de @WHO. L’étude révèle que le nombre réel des personnes infectées sur le continent est 97 fois plus élevé que les cas confirmés signalés.
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— OMS Afrique (@OMS_Afrique) April 8, 2022
Malgré ces chiffres impressionnants, la population africaine est celle qui a le mieux résisté à la pandémie. Contrairement à la théorie pessimiste de « l’effet pangolin » qui prévoyait l’apocalypse en Afrique à court terme, on dénombre 251 516 morts sur le continent, dus à la maladie. Même s’il s’avérait que ce chiffre aussi était sous-estimé, il reste tout de même difficile de s’imaginer que l’écart avec la réalité puisse être abyssal.
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Pour l’OMS, cette résilience de l’Afrique est due à la forte prévalence des cas asymptomatiques. « Le continent se distingue des autres régions par son nombre élevé de cas asymptomatiques, 67 % des cas ne présentant aucun symptôme de la maladie », indique l’institution. Une situation due en partie à la faible proportion de personnes présentant des comorbidités (diabète, hypertension et autres maladies chroniques) susceptibles d’entraîner des formes graves de covid, mais aussi à la jeunesse de la population africaine.
Selon le dernier bilan d’Africa CDC, l’Afrique ne compte officiellement que 11,3 millions de cas confirmés du coronavirus. Pour définitivement mettre fin à la pandémie, les pays du continent accélèrent les campagnes de vaccination. Cependant, celles-ci restent plus lentes que celles des pays étrangers. A ce jour, 20% de la population africaine a reçu au moins une dose du vaccin anti-covid, et cette proportion descend à 15,8% quand on prend uniquement en compte les personnes entièrement vaccinées.
Moutiou Adjibi Nourou