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Cité dans une enquête sur un trafic d'armes en Côte d'Ivoire, Gunvor prend de nouvelles mesures de gouvernance

Cité dans une enquête sur un trafic d'armes en Côte d'Ivoire, Gunvor prend de nouvelles mesures de gouvernance

  • mercredi 25 novembre 2020
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(Agence Ecofin) - Le trader Gunvor a indiqué qu’il avait cessé de travailler avec des agents intermédiaires. Cette décision survient après la publication d’une enquête qui affirme que certains de ses agents en Côte d’ivoire l’avaient impliqué dans un trafic d’armes au profit de milices armées.


Gunvor, une entreprise de négoce de matières premières, incorporée au Pays-Bas, mais dont le siège opérationnel est en Suisse, a annoncé, le 18 novembre 2020, avoir rompu avec la pratique consistant à utiliser des agents intermédiaires pour initier ou gérer des opportunités d'affaires en son nom. « Gunvor a déjà réduit le nombre de ces consultants et intermédiaires d'environ 45% depuis 2018, et est actuellement en train de mettre fin au reste des contrats de consultant à cet égard », peut-on lire dans une information publiée sur son site internet.


Cette information survient un mois après la publication d'une enquête menée par le Projet d'investigation journalistique sur la corruption et les crimes organisés (OCCRP), qui a révélé sur la base de « fuites de documents », que ce trader avait été compromis dans un réseau de financement qui avait débouché sur des achats d’armes au profit de milices soutenues par l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. « C'était un projet risqué car la Côte d'Ivoire était placée sous embargo d'achats d'armes par les Nations Unies à l'époque. Mais malgré les risques, une nouvelle enquête de l’OCCRP montre que Gunvor et Semlex étaient prêts et disposés à négocier des ventes d’armes en échange d’une partie de la richesse pétrolière de la Côte d’Ivoire », peut-on lire dans le rapport d'enquête de l'organisation.


Gunvor s'est défendue de ces accusations : « Gunvor n’a absolument aucune connaissance, n’a eu aucun rapport avec ces mercenaires, aucun rapport avec eux, aucun lien, antérieur ou autre, avec les entreprises ou entités que vous citez », a déclaré Seth Pietras, le directeur des affaires corporatives de la société de négoce pétrolier à la parution de l'enquête.


De fait, selon l'enquête journalistique, Gunvor n'est pas intervenu directement en Côte d'Ivoire. Ses contrats ont été gérés par un réseau d’agents et d’intermédiaires dont certains étaient notoirement en contact avec des personnes du milieu des armes.


Par ailleurs, la justice suisse avait déjà condamné le trader pour des faits de corruption dans des contrats en République Démocratique du Congo.


Les emprunts garantis par des ressources pétrolières sont une pratique courante dans le monde. Selon un rapport de l'organisation Natural Ressources Gouvernance Institute, publié en mars 2020, 30 pays d'Afrique subsaharienne ont signé ce type d'accord pour près de 66 milliards $ entre 2004 et 2018. Le défi avec ces opérations, c'est qu'elles sont souvent menées avec une large part d'opacité. L'affectation des ressources obtenues dans ces conditions n'est pas souvent expliquée dans le cadre des rapports budgétaires, ce qui ouvre la porte à tous les abus.


 La société reconnait avoir dépensé des millions de dollars pour améliorer les règles de conformité dans la gestion de ses projets. En renonçant à mandater des agents intermédiaires, parfois peu soucieux du risque de réputation, Gunvor semble vouloir faire un pas de plus dans l’assainissement de son activité.


Idriss Linge


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