Débuté il y a plus d’une vingtaine d’années, le projet chinois de transfert de l’eau du sud vers le nord devrait aboutir en 2050. Décliné en trois parties, ce projet à 70 milliards de dollars est cependant pointé du doigt en raison de ses conséquences humaines et environnementales.
Transfert d’eau : un projet aussi immense que controversé
Tout d’abord, il faut savoir que depuis très longtemps, le territoire chinois se caractérise par de fortes inégalités en termes de répartition de la ressource eau, principalement entre le nord et le sud. Au début des années 1950, le fondateur de République populaire de Chine Mao Zedong évoquait déjà ce problème. Un demi-siècle plus tard, le pays démarrait son immense projet de transfert d’eau du sud vers le nord (2002-2050) comme l’explique Interesting Engineering dans une vidéo à visionner en fin d’article.
Dans les faits, le projet concerne trois routes principales. La première est un canal d’une longueur de 1 264 kilomètres qui part du réservoir de Danjiangkou, sur le fleuve Han, vers Pékin. Achevée en 2014, cette voie existe grâce à une série de barrages qui permettent de générer un flux gravitaire. La seconde route n’est pas encore terminée et vise à détourner l’eau du fleuve Yangtsé (fleuve bleu) vers plusieurs ville du nord, dont Tianjin. Cette fois, une vingtaine de stations de pompage permettent ce détournement. En ce qui concerne la troisième et dernière partie du projet, l’objectif est d’acheminer de l’eau du fleuve Yi près du plateau tibétain, vers plusieurs provinces comme le Gansu, la Mongolie intérieure et le Qinghai. Il s’agit sans conteste de la route la plus controversée des trois.
Dans son ensemble, le projet chinois semble résoudre les problèmes d’approvisionnement de l’eau du territoire, du moins sur le court terme. En revanche, sur le long terme, les conséquences de l’établissement de ces routes pourraient être catastrophiques. Le projet a d’ores et déjà modifié profondément les écosystèmes naturels et notamment les populations de poissons. De plus, d’autres dangers imprévus impliquant les humains ont fait leur apparition, notamment des maladies d’origine hydrique provoquées par les transferts d’eau.

Une erreur à 70 milliards ?
Il y a une décennie, l’ex vice-ministre du Logement et du Développement urbain et rural Qiu Baoxing pointait du doigt plusieurs notions, principalement la durabilité de la gestion et de l’entretien de ce système. Dans les faits, l’allongement des distances rend le détournement de l’eau plus difficile et génère même des pollutions, notamment des fuites de résidus dans les canalisations. « Si nous laissons passer l’occasion de restaurer l’écologie de l’eau, nous le paierons cher. Si nous essayons de résoudre notre crise de l’eau en détournant l’eau, de nouveaux problèmes écologiques surgiront. Ce n’est pas du tout durable. », expliquait-il en 2014 dans le magazine Dialogue Earth.
Pour Qiu Baoxing, le projet chinois est une erreur, d’autant qu’il a couté près de 70 milliards de dollars. L’ancien vice-ministre indiquait à l’époque qu’il était préférable de progresser sur le développement d’une technologie efficace de dessalement de l’eau. D’autres possibilités comme une plus grande collecte des eaux de pluie et le recyclage étaient également envisageables.