Pour plusieurs dizaines de milliers de dollars, une société australienne propose à la vente un genre d’ordinateur biologique. En effet, il est ici question d’un ordinateur qui fonctionne avec des neurones humains vivants, autrement dit une intelligence biologique synthétique.
Une machine hybride dotée de neurones humains
Des neurones humains agissant en tant qu’unité de traitement au sein d’une machine ? La start-up australienne Cortical Labs l’a fait, comme l’expliquait la chaine ABC le 5 mars 2025 ainsi que l’agence de presse Reuters dans une vidéo (voir en fin d’article). Selon les responsables, il s’agit ici du tout premier bio-ordinateur à arriver sur le marché. Néanmoins, le produit ne sera pas pour toutes les bourses puisque le prix avoisine les 40 000 dollars US.
Après six années de recherches, Cortical Labs a donc créé le CL1, un ordinateur dépourvu des composants électroniques habituels, ici remplacés par des neurones bien vivants. Plus précisément, il est question de neurones humains cultivés en laboratoire à partir de cellules souches. Ces derniers sont ensuite installés sur un support, à savoir une plaque de verre recouverte d’électrodes métalliques plates.
Pas moins de 59 électrodes composent le réseau du CL1, formant autant de points de contact avec la culture de neurones. Les électrodes captent alors leur activité tout en leur transmettant des signaux externes. Autrement dit, il s’agit d’une machine hybride qui assure une communication en temps réel entre le vivant et la machine.

Simuler un processus d’apprentissage biologique
L’existence de neurones humains en dehors d’un corps est habituellement impossible. Néanmoins, la start-up dit avoir reproduit un véritable environnement qui assure les conditions physiologiques nécessaires à leur survie. Le rôle du cœur humain est reproduit à l’aide de pompes qui permettent la circulation des fluides nutritifs de manière constante, des nutriments stockés dans un réservoir. Les déchets métaboliques que produisent les neurones sont évacués par un système dédié, tandis que les unités de filtration purifient l’environnement cellulaire, jouant ainsi le rôle des reins. Citons également la présence d’un mélange gazeux qui a pour mission de doser les taux d’oxygène, de dioxyde de carbone et d’azote qui assurent la survie des neurones. Surtout, tout ce petit monde fait l’objet d’une gestion par le biais d’une interface logicielle propriétaire. Ce logiciel est capable de traduire les impulsions électriques neuronales en données exploitables par un ordinateur et vice-versa.
Comme l’explique Cortical Labs, la commercialisation du CL1 ne concerne pas seulement sa vente. En effet, des clients intéressés peuvent également louer de la puissance de calcul biologique depuis un centre de données qui héberge les fameux tissus vivants.
Enfin, il faut savoir qu’une première version préliminaire a déjà prouvé certaines aptitudes, comme jouer au célèbre jeu Pong. Néanmoins, la start-up promet que le CL1 pourra dépasser ou au moins égaler les performances des systèmes d’IA actuels. Néanmoins, il est pour l’instant impossible d’affirmer avec certitude que le CL1 est réellement capable de rivaliser avec des agents comme ChatGPT ou Gemini. De plus, les concepts sont très différents, car Cortical Labs tente de simuler un processus d’apprentissage biologique alors que les modèles habituels reposent sur des données et de la formulation de texte.