De nouvelles données satellitaires montrent que l’éruption du volcan sous-marin Hunga des Tonga a créé plus de foudre que n’importe quel orage encore documenté sur Terre, y compris les orages supercellulaires et les cyclones tropicaux. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Geophysical Research Letters.
Une éruption historique
Le 15 janvier 2022, l’île Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, située dans le royaume des Tonga, essuyait le réveil mouvementé de son volcan sous-marin. Entré dans une phase éruptive majeure, dont l’intensité était supérieure à cent bombes simultanées d’Hiroshima, ce dernier avait ensuite libéré un panache volcanique d’une ampleur tout à fait remarquable.
En étudiant les données acquises par les satellites géostationnaires GEOS-17 et Himawari-8, des chercheurs de la NASA ont dans un premier temps découvert que l’altitude maximale atteinte par la colonne éruptive était de 58 km (mésosphère inférieure). Il s’agissait alors du panache volcanique le plus haut jamais recensé depuis le début des relevés satellitaires. Le précédent record remontait à l’éruption du Pinatubo en juin 1991 avec une altitude maximale estimée à environ 35 km.
Le volcan, dont le magma avait immédiatement vaporisé l’eau de mer, aurait également libéré plus de cinquante millions de tonnes de vapeur d’eau dans le ciel. Au contact des cendres, cette vapeur aurait alors produit des collisions chargées électriquement, entraînant la formation d’un orage suralimenté comme nous n’en avions jamais vu.

« Il n’y a rien de comparable dans les orages météorologiques »
Selon Alexa Van Eaton, volcanologue à l’US Geological Survey (USGS), l’orage aurait généré plus de 192 000 éclairs (plus de 2 600 par minute). Certains auraient également atteint des altitudes allant jusqu’à trente kilomètres au-dessus du niveau de la mer. Là encore, c’est du jamais vu. « Avec cette éruption, nous avons découvert que les panaches volcaniques peuvent créer les conditions de la foudre bien au-delà du domaine des orages météorologiques que nous avons précédemment observés« , détaille la chercheuse. « Il s’avère que les éruptions volcaniques peuvent créer des éclairs plus extrêmes que tout autre type de tempête sur Terre« .
Par ailleurs, lorsque le panache volcanique s’est « étalé » vers l’extérieur après avoir atteint sa hauteur maximale, selon un schéma connu sous le nom d’onde de gravité, une partie de la foudre aurait emboîté le pas, se propageant autour du volcan en anneaux concentriques. « Ce n’est pas seulement l’intensité de cet orage qui nous a attirés. L’ampleur de ces anneaux de foudre nous a aussi époustouflés. Il n’y a rien de comparable dans les orages météorologiques », poursuit la chercheuse. « Des anneaux de foudre uniques ont certes été observés, mais ils étaient minuscules en comparaison, et pas aussi nombreux« .
De manière générale, ces découvertes ont montré qu’un panache volcanique suffisamment puissant pouvait créer son propre système météorologique, soutenant les conditions d’activité électrique à des hauteurs et à des taux jamais observés auparavant. La chronologie détaillée de cette éruption historique, grâce aux moyens satellitaires disponibles, sera également essentielle pour la surveillance et la prévision immédiate des risques futurs.
Cette éruption du volcan sous-marin Hunga Tonga-Hunga Ha’apai marque un tournant dans notre compréhension des phénomènes volcaniques et météorologiques extrêmes. Les données satellitaires révèlent non seulement l’incroyable puissance de cet événement, mais aussi la capacité des panaches volcaniques à générer des systèmes orageux d’une ampleur inédite. Avec plus de 192 000 éclairs produits, atteignant des altitudes jamais observées, cette éruption a démontré que les volcans peuvent créer des conditions météorologiques bien au-delà des limites connues des orages classiques. Ces observations ouvrent de nouvelles perspectives sur les interactions entre l’activité volcanique et l’atmosphère terrestre. Elles soulignent également l’importance des technologies satellitaires pour la surveillance des éruptions futures, permettant ainsi d’améliorer nos capacités de prévision et de gestion des risques naturels.