De nouvelles recherches montrent que Cape Cod abrite l’un des plus grands points chauds de grands requins blancs au monde. Entre 2015 et 2018, environ 800 de ces poissons auraient en effet visité la zone.
Cape Cod, Massachusetts
Présents depuis l’époque du Miocène, les grands requins blancs (Carcharodon carcharias) sont aujourd’hui largement répandus dans les océans du monde, que ce soit dans les eaux côtières ou pélagiques (au large). Cependant, nous savons qu’ils ont tendance à privilégier les eaux tempérées. Ils sont également souvent associés aux courants marins riches en nutriments et aux zones de convergence d’espèces marines qui attirent leurs proies favorites que sont les phoques.
Dans le cadre d’une étude récente publiée dans la revue Marine Ecology Progress Series, des chercheurs ont effectué la première estimation de l’abondance des grands blancs dans l’ouest de l’Atlantique Nord. Pour ce travail, ils ont identifié des requins individuels en analysant les données de marquage et en enregistrant leurs motifs de coloration uniques à l’aide de caméras GoPro sous-marines. Après plus de 130 voyages de recherche sur trois ans (de 2015 à 2018), ils en ont comptabilisé près de 400. L’immense majorité aurait fréquenté les eaux de Cape Cod, une péninsule située dans l’État du Massachusetts, dans le nord-est des États-Unis.
Cependant, les chercheurs ont également voulu tenir compte du comportement migratoire des requins. Nous savons en effet que les grands blancs peuvent parcourir de grandes distances entre leurs zones d’alimentation et de reproduction. Pour ce faire, l’équipe a donc développé un modèle permettant de calculer le nombre de requins qui entrent et sortent de la zone. En prenant ce paramètre en compte, elle a estimé qu’environ 800 requins se sont regroupés dans cette région au cours de la période de trois ans. La plupart des grands requins blancs auraient visité Cape Cod à la fin de l’été et au début de l’automne lorsque les températures de l’océan y étaient les plus élevées avant de migrer au début de l’hiver.
Plus il y a de phoques, plus il y a de requins
Pour les auteurs de ces travaux, ces nouvelles données suggèrent ainsi que Cape Cod fait partie des plus grands sites d’agrégation au monde. Or, nous savons que dans les années 1980, les populations de ces prédateurs ne représentaient que 27% de ce qu’elles étaient au début des années 60. Il semblerait ainsi que les grands blancs aient fait un retour généralisé le long de la côte ouest de l’Atlantique Nord au cours de ces dernières années.
Ce retour coïnciderait d’après les chercheurs avec celui des phoques gris et communs. Nous savons en effet que les humains ont chassé ces mammifères marins en nombre dans les années 1960, au point de placer ces espèces au bord de l’extinction. Néanmoins, leurs populations ont considérablement augmenté depuis le début des années 70, dès lors que la chasse a été interdite. Il y en aurait entre 30 000 à 50 000 phoques dans le sud-est du Massachusetts, selon une estimation de 2016. En conséquence, le nombre de grands requins blancs dans cette zone a également augmenté.
Notez enfin que bien que Cape Cod soit un point chaud pour les grands requins blancs, aucune attaque contre l’homme n’a été signalée depuis 2018.
En conclusion, les recherches récentes confirment que Cape Cod est devenu l’un des principaux points chauds mondiaux pour les grands requins blancs, attirant environ 800 de ces prédateurs entre 2015 et 2018. Ce phénomène semble directement lié à la récupération des populations de phoques, leur proie principale, dans la région après des décennies de déclin. L’abondance de ces requins dans les eaux de Cape Cod souligne non seulement le succès des efforts de conservation marine, mais elle met aussi en lumière l’importance de cette région comme un écosystème vital pour les grands blancs. Malgré leur présence en nombre, les interactions avec les humains restent rares, soulignant la coexistence possible entre ces majestueux prédateurs et les activités humaines dans cette région.
