Des médecins ont récemment rapporté le cas d’un homme dont les cils sont devenus exceptionnellement longs et bouclés en raison d’un effet secondaire de son traitement contre le cancer. Ce cas met en lumière un phénomène connu sous le nom de trichomégalie, induit par un médicament.
Qu’est-ce que la trichomégalie ?
La trichomégalie est une maladie dans laquelle les cils poussent excessivement longs. Ils dépassent ainsi généralement leur longueur habituelle estimée à entre 8 et 12 mm. Certains peuvent en effet pousser de plusieurs centimètres. Les cils acquièrent également une courbure plus prononcée, une épaisseur accrue et une pigmentation plus foncée, ce qui peut accentuer encore davantage leur apparence inhabituelle.
Plusieurs médicaments, notamment les inhibiteurs du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), peuvent déclencher ce phénomène. Dans le détail, le facteur de croissance épidermique (EGFR) est une protéine présente à la surface des cellules qui joue un rôle crucial dans la régulation de la croissance, de la division et de la survie des cellules. Il appartient à une famille des récepteurs du facteur de croissance épidermique qui comprend plusieurs autres protéines similaires.
L’EGFR est activé par des molécules appelées facteurs de croissance épidermique (EGF) qui se fixent à sa surface, déclenchant ainsi une cascade de réactions à l’intérieur de la cellule. Cette cascade de signalisation entraîne généralement la stimulation de processus cellulaires tels que la division cellulaire, la différenciation et la survie cellulaire. Cependant, une activation anormale ou excessive de l’EGFR peut être associée à divers troubles pathologiques, notamment le cancer.

Un effet secondaire
Dans le cas de cet homme, il prenait du panitumumab, un médicament de chimiothérapie utilisé pour traiter un cancer colorectal avancé qui agit en bloquant l’EGFR. Il faut en effet savoir que bien que présent en grande quantité dans les cellules tumorales, l’EGFR est également présent dans les tissus sains, y compris les follicules pileux. En bloquant l’EGFR, le médicament perturbe alors le cycle normal de croissance des cheveux, prolonge la phase de croissance active des cils et entraîne une croissance détraquée.
Outre le panitumumab, d’autres médicaments, tels que les prostaglandines utilisées pour traiter le glaucome, sont également associés à la trichomégalie. De plus, cette maladie peut être liée à des infections telles que le VIH/SIDA et à des syndromes génétiques qui affectent la réponse aux facteurs de croissance.
Dans le cas de cet homme, les médecins ont observé que l’effet secondaire est apparu dans les premiers mois suivant le début du traitement et a disparu après l’arrêt du médicament. En attendant, le patient a reçu des instructions sur la manière de couper en toute sécurité ses cils extralongs.
Ce cas souligne l’importance de surveiller les effets secondaires des médicaments, en particulier dans le domaine de la chimiothérapie où les traitements peuvent avoir des conséquences inattendues sur l’apparence physique des patients. Bien que la trichomégalie soit généralement réversible après l’arrêt du médicament, elle peut néanmoins avoir un impact sur la qualité de vie et nécessiter une prise en charge appropriée.
Au-delà de ses aspects esthétiques, la trichomégalie peut également avoir des implications fonctionnelles. Des cils anormalement longs et courbés peuvent provoquer des irritations oculaires, des sensations d’inconfort ou même des problèmes de vision en raison de leur contact direct avec la surface de l’œil. Les patients concernés peuvent également rapporter une gêne psychologique liée à ce changement soudain et visible de leur apparence, accentuant la nécessité d’un accompagnement médical et psychologique adapté.
Le rapport de cas est publié dans la revue JAMA Dermatology.