Les lignes de code n’ont pas simplement révolutionné nos sociétés, elles pourraient aussi sauver le monde. Un algorithme informatique récemment développé s’est en effet récemment illustré en détectant un astéroïde « potentiellement dangereux » qui n’avait pas été repéré auparavant. Et son travail ne fait que commencer.
Les menaces venues du ciel
Les astéroïdes géocroiseurs sont des astéroïdes dont les orbites les amènent à croiser ou à s’approcher de manière significative de l’orbite de la Terre. Parmi les plus de 30 000 objets de ce genre connus, environ 2 300 sont classés comme potentiellement dangereux. Pour être considérés comme tels, ces astéroïdes doivent posséder un diamètre d’au moins 140 mètres et avoir une orbite qui les rapproche à moins de huit millions de kilomètres de la Terre.
Compte tenu de leur potentiel destructeur, il est essentiel de surveiller ces astéroïdes afin de comprendre leur trajectoire orbitale et de prédire tout impact éventuel. Toutefois, avant cela, il faut pouvoir les identifier.
Avec une telle surface de ciel nocturne à parcourir, les astronomes s’appuient sur des algorithmes installés sur des télescopes dédiés. En général, ces algorithmes ont besoin de quatre images d’un objet en mouvement prises au cours d’une seule nuit pour confirmer qu’il s’agit bien (ou non) d’une véritable roche spatiale, ce qui nous ramène à ce nouvel instrument.
Une équipe de l’Université de Washington annonce en effet avoir développé un nouveau logiciel capable de faire le même travail avec deux fois moins d’observations nocturnes nécessaires. Un tel algorithme pourrait ainsi renforcer la capacité des observatoires à identifier rapidement ces astéroïdes potentiellement dangereux.
Un puissant allié
Ce programme, nommé HelioLinc3D, s’est d’ailleurs illustré il y a quelques mois en identifiant l’un de ces objets que les observations précédentes avaient manqué.
En analysant les données de l’enquête ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System) financée par la NASA, le logiciel aurait en effet repéré un astéroïde de 180 mètres de long. Baptisé 2022 SF289, l’objet se situait à moins de 225 000 km de l’orbite terrestre.

Bien que cet astéroïde ne représente aucun risque d’impact pour le siècle prochain, et très probablement pour de nombreux millénaires à venir, sa détection a démontré les capacités extraordinaires de HelioLinc3D.
Notez que ce dernier ne se contentera pas de renforcer les efforts des relevés d’astéroïdes préexistants. Il a en effet été spécialement conçu pour l’observatoire Vera C. Rubin qui a été construit dans le désert d’Atacama. Son télescope de quatre mètres de diamètre sera équipé d’une caméra très avancée et extrêmement sensible capable de capturer des images de grandes régions du ciel avec une résolution élevée. Elle permettra de détecter des astéroïdes faibles et de suivre leurs mouvements dans le temps.
Notez que cette installation, qui devrait commencer son étude du ciel sur dix ans en 2025, pourra cataloguer non seulement les astéroïdes, mais aussi « tous les objets en mouvement ». Cela inclue les comètes, les objets trans-neptuniens et autres objets interstellaires entrants. L’Observatoire Rubin promet ainsi d’être une machine à faire des découvertes dont HelioLinc3D sera le moteur.
En conclusion, le développement de l’algorithme HelioLinc3D marque une avancée significative dans la surveillance des astéroïdes potentiellement dangereux. En détectant l’astéroïde 2022 SF289, ce logiciel a prouvé sa capacité à renforcer notre vigilance face aux menaces venues du ciel, avec une efficacité sans précédent. Alors que l’Observatoire Vera C. Rubin se prépare à entrer en service, HelioLinc3D s’annonce comme un outil essentiel non seulement pour identifier les astéroïdes, mais aussi pour explorer l’ensemble du système solaire et au-delà. Cette technologie pourrait bien être l’un des piliers de notre défense planétaire, démontrant une fois de plus comment les lignes de code peuvent jouer un rôle crucial dans la protection de notre monde.