Le nodosaure, qui vivait il y a environ 110 millions d’années, possédait une protection naturelle si solide que certains chercheurs affirment qu’elle aurait bien pu résister à l’impact d’une voiture qui fonce à grande vitesse. Cette découverte, rendue possible grâce à un fossile exceptionnellement bien conservé, offre un aperçu fascinant de la vie d’un herbivore cuirassé du Crétacé.
Un fossile exceptionnellement bien préservé
En 2017, un fossile de Borealopelta markmitchelli d’une rareté exceptionnelle, un nodosaure, était extrait d’une mine de charbon en Alberta, au Canada. Très vite, ce spécimen unique a fait sensation dans le monde de la paléontologie non seulement en raison de sa conservation parfaite, mais aussi parce qu’il a permis d’analyser des détails jusque-là inaccessibles. Contrairement à la plupart des fossiles, qui ne conservent que les structures osseuses, ce fossile a notamment révélé des éléments organiques, tels que la couleur de sa cuirasse, ainsi que des traces de son dernier repas, offrant ainsi une vue sans précédent de la vie de cet animal.
Grâce à cette conservation exceptionnelle, les chercheurs ont également pu reconstruire avec une précision inédite la forme, la texture et la fonction de l’armure de ce nodosaure. On a ainsi découvert que ses plaques osseuses étaient recouvertes de couches de kératine, une matière présente dans nos cheveux et ongles. Certaines sections étaient même très épaisses (jusqu’à seize centimètres).

Une résistance à toute épreuve
Cette caractéristique, jusqu’alors inconnue des paléontologues, a naturellement soulevé des questions fascinantes sur l’efficacité de cette armure face aux dangers de son époque. Pour la tester, des chercheurs ont récemment mené plusieurs tests. En utilisant une structure synthétique inspirée de celle du nodosaure, ils l’ont exposée à des forces similaires à celles générées par une attaque de prédateur, comme celles des mâchoires d’un carnivore tel qu’Acrocanthosaurus. Ce dinosaure de douze mètres de long était particulièrement remarquable pour ses épines dorsales allongées qui formaient une sorte de crête sur son dos.
Les résultats sont impressionnants : l’armure pourrait supporter une force comparable à celle d’un accident de voiture à grande vitesse, soit plus de 125 000 joules par mètre carré.
Pourquoi une telle résistance était-elle nécessaire ?
Le nodosaure vivait à une époque où de gigantesques carnivores arpentaient la planète. Or, ils pouvaient mordre avec une force considérable. L’armure du nodosaure devait donc être non seulement solide, mais aussi flexible. C’est là qu’intervient l’astuce de la kératine. Contrairement à une armure rigide qui pourrait se briser sous un choc violent, cette couche de kératine offrait une certaine souplesse. Elle permettait ainsi aux plaques osseuses de rester intactes même après un coup puissant et pouvait même se réparer si elle était endommagée, un peu comme un ongle qui se casse.
Les scientifiques émettent également l’hypothèse que cette armure pouvait servir dans des combats entre individus de la même espèce. Les nodosaures, tout comme d’autres dinosaures cuirassés, pouvaient en effet s’affronter pour des raisons territoriales ou pour accéder à des femelles. L’armure, capable d’encaisser des coups violents, aurait donc aussi été un atout dans ces confrontations. Cependant, il est difficile de déterminer dans quelle mesure ces combats internes étaient fréquents ou brutaux, car la majorité des fossiles n’ont pas conservé de telles traces.