(Agence Ecofin) - Si le Cameroun ambitionne depuis cette année de développer la pêche industrielle sur ses barrages de retenue d’eau pour réduire ses importations de produits halieutiques, le pays milite également pour promouvoir une pêche artisanale durable.
Le Cameroun vient de créer un parc marin dénommé « Manyange na Elombo » de 110 300 ha sur sa frontière maritime avec la Guinée équatoriale et s’étend sur 42,364 km (26,5 miles) dans les eaux territoriales camerounaises. Selon le décret de création, signé du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, ce parc a pour objectif : « de limiter l’incursion des pêcheurs industriels qui appauvrissent la mer en poissons ; de protéger les zones de frayères et de préserver certaines espèces halieutiques, à l’exemple de la tortue marine, du lamantin d’Afrique et du dauphin à bosse ».
« Toute activité humaine susceptible de porter atteinte aux objectifs du parc national marin Manyange na Elombo et sa zone tampon ne peut être entreprise qu’au terme des études d’impact environnemental dûment approuvées par l’administration compétente », indique le décret cité par Investir au Cameroun. Cependant, précise le texte, ce parc va promouvoir les sources potentielles de revenus, à travers le développement de l’écotourisme et la pêche artisanale durable.
Selon des sources officielles, cette zone est dominée par des pêcheurs étrangers. En la protégeant de la pêche industrielle et en y favorisant la pêche artisanale, le ministère des Pêches voudrait favoriser les nationaux qui pratiquent le plus souvent la pêche artisanale. « C’est une sorte de préférence nationale », indique l'institution. A la vérité, de nombreux étrangers, notamment des ressortissants d’Afrique de l’Ouest, pratiquent aussi la pêche artisanale sur les côtes camerounaises.
Si le Cameroun considère la pêche artisanale comme une pêche durable, ce n’est pas le cas de certains pays qui souhaitaient que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la réprime comme une activité illicite. Au début de cette année, la Commission européenne qui partage cette position a menacé les produits halieutiques camerounais d’embargo. En juillet dernier, Yaoundé a dit son opposition face à cette façon de voir les choses au Comité des négociations commerciales de l’OMC sur la question des subventions à la pêche.
Sylvain Andzongo
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