(Agence Ecofin) - Le décès, en août 2019, dans un hôpital militaire de Yaoundé du journaliste camerounais Samuel Wazizi suscite toujours des interrogations. Accusé d’être « un terroriste » par les autorités de son pays, il aurait subi des actes de tortures, selon RSF.
Des organisations de défense des droits humains que sont : Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France) et Reporters sans Frontières (RFS) souhaitent avoir des clarifications sur les circonstances réelles de la mort du journaliste camerounais Samuel Ajiekah Abuwe dit Wazizi.
En effet, les 2 organisations demandent que le rapport de l’enquête sur la mort du journaliste de Chillen Music Television (CMTV) et remis au président camerounais Paul Biya, soit accessible au public.
#Cameroun ?? +15 mois après la disparition forcée de #SamuelWazizi nous demandons la justice pour le journaliste, dont la mort n'a été annoncée qu'en juin dernier.
?L’ACAT-France & @RSF_fr exhortent SE @PR_Paul_BIYA à rendre public le rapport d’enquête.https://t.co/DZ4sspAXMH pic.twitter.com/U1p4QJj3m1
— ACAT (@ACAT_France) December 17, 2020
Rappelons que Samuel Wazizi avait été arrêté à Buea, dans le sud-ouest du pays le 2 août 2019, et accusé d’être un « terroriste » par les autorités du Cameroun. C’est dix mois après, à la suite des révélations dans la presse nationale, que les autorités camerounaises ont annoncé la mort du journaliste qui serait « actif au sein d’un groupe séparatiste ». Il serait décédé d'une infection généralisée le 17 août 2019 à l'hôpital militaire de Yaoundé. Les autorités ont nié tout acte de torture ou sévices corporels.
Mais d’après RSF, qui déclare avoir visualisé des photos du journaliste prises le 13 août 2019, jour de son arrivée dans la capitale camerounaise, après son transfert depuis Buea, Samuel Wazizi présentait de nombreuses blessures sur différentes parties du corps.
« Un journaliste en parfait état de santé qui meurt subitement pendant sa détention alors qu’il présente plusieurs blessures caractéristiques d’actes de torture […] un corps qui n’a jamais été restitué à la famille… Les zones d’ombres restent très nombreuses et les autorités camerounaises toujours aussi silencieuses », a déclaré Arnaud Froger responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
#Cameroun : comme le craignait RSF, le journaliste Samuel Wazizi, détenu au secret par des militaires depuis août 2019, est bien mort en détention. Il s'agit de la pire exaction commise contre un journaliste camerounais depuis 10 ans. #JusticeForWazizi https://t.co/GisxIgwZAA pic.twitter.com/q0Bj2IPCMS
— RSF (@RSF_inter) June 3, 2020
Il faut noter que le 9 octobre 2020, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) a fait savoir à l’ACAT-France « qu’une enquête avait été menée par la sécurité militaire et les résultats transmis au chef de l’Etat, Paul Biya », selon Clément Boursin, responsable Afrique de l’organisation.
Aujourd’hui de nombreuses interrogations restent toujours non élucidées. Et pour l’ACAT-France et RSF, les autorités camerounaises ont le devoir de rendre compte des circonstances exactes de la détention et de la mort de Samuel Wazizi.
Bénédicta Vera-Cruz (stagiaire)