(Agence Ecofin) - Considéré comme l’un des meilleurs poivres au monde, le label de l’Indication géographique protégée poivre de Penja a été officiellement délivré à cet ingrédient par l’Oapi en 2013. Une première pour un produit subsaharien.
Dans une note évaluative du Projet de promotion du système de protection des obtentions végétales (Projet PPOV) au cours de l’année 2021, l’Organisation africaine de la protection intellectuelle (Oapi) relève que le label de l’Indication géographique (IGP) poivre de Penja délivré au Cameroun connaît des difficultés.
L’on y a appris que plusieurs facteurs plombent le développement de cette filière qui a un gros potentiel pour le développement de l’économie locale.
« Plusieurs facteurs ont contribué à conduire la filière vers le marasme à partir de 2016 jusqu’à nos jours : la fraude récurrente sur le label IG-poivre de Penja ; la chute continue du prix du poivre de Penja sur le marché local [moins de 10 000 FCFA le kilogramme] ; la pression fiscale ; la recrudescence de l’insécurité dans le territoire de l’IGP ; le non-respect du cahier des charges de l’IGPP par les producteurs ; les difficultés des producteurs à accéder au crédit ; les changements climatiques et les maladies endémiques du poivrier », relève le document.
La même source ajoute : « Pour la fraude, on fait croire au consommateur qu'on lui vend du poivre de Penja alors que dans la réalité c'est loin d'être le cas. Le consommateur est grugé, car rien a priori ne lui permet de faire la distinction. D’où l'intérêt d'un logo à estampiller sur les produits originaux. Il existe beaucoup de poivre, car pouvant être cultivé partout. Mais en raison de sa qualité particulière, celui de Penja a une plus-value et donc doit se vendre plus cher ».
L’Oapi indique que le principal défi pour le groupement IG poivre de Penja est de relancer la filière, de renforcer l’accès des acteurs aux marchés rémunérateurs et de lutter contre la fraude et la contrefaçon sur ce produit, tant à l’intérieur du Cameroun qu’à l’extérieur.
« Pour faire face à ces défis, le directeur général de l’Oapi, Denis Bohoussou, et le président du Groupement des producteurs de l’Indication géographique protégée (IGP) poivre de Penja, René Claude Metomo, ont signé le mardi 28 janvier 2020 un contrat d’objectifs et de performance, en vue de la mise en œuvre du plan opérationnel de cette Indication géographique », informe l’Organisation.
Elle ajoute que ce contrat d’objectifs et de performance exprime deux ambitions partagées : celles du renforcement de l’autonomie technique et financière du GR-IGPP et du Centre d’agréage et de conditionnement (CAC) de Penja, d’une part, et d’autre part, le développement économique de la filière Indication géographique poivre de Penja et en particulier l’intégration dans cette filière, d’un nombre croissant de petits producteurs.
Le label de l’IGP poivre de Penja a été officiellement délivré par l’Oapi en 2013, rappelle Investir au Cameroun. Le GR-IGPP assure le rôle de garant du respect du cahier des charges afférentes à l’usage de ce label, gage de qualité du produit désigné. Selon l’Accord de Bangui, texte de loi qui régit la propriété intellectuelle, l’Oapi enregistre comme indications géographiques « des indications qui servent à identifier un produit comme étant originaire d’un territoire, ou d’une région, ou localité de ce territoire, dans les cas où une qualité, réputation ou autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine géographique ».
Sylvain Andzongo