La société aérospatiale Blue Origin, fondée par Jeff Bezos en 2000, a récemment annoncé le licenciement d’environ 1 000 employés, soit près de 10 % de ses effectifs. Cette décision, révélée par un courriel interne du PDG Dave Limp, marque un moment clé pour l’entreprise qui a connu une croissance rapide ces dernières années. Officiellement, cette restructuration vise à réduire la bureaucratie et à recentrer les équipes sur les priorités stratégiques. Cependant, cette annonce soulève des questions sur la santé financière et la compétitivité de Blue Origin dans une industrie de plus en plus dominée par SpaceX.
Une croissance rapide qui nécessite une restructuration
Depuis plusieurs années, Blue Origin s’est imposée comme un acteur majeur du secteur spatial privé. Grâce à des investissements massifs de Jeff Bezos, l’entreprise a en effet multiplié les projets ambitieux, allant des vols suborbitaux touristiques aux missions lunaires. Toutefois, cette expansion rapide a engendré une augmentation des effectifs et une organisation plus lourde, ce qui a freiné l’efficacité de l’entreprise, selon le PDG Dave Limp. La restructuration annoncée vise donc à rationaliser les équipes pour améliorer l’exécution des projets en cours.
Les licenciements toucheront principalement les postes en ingénierie, recherche et développement, gestion de projet et management général. Ce choix pourrait sembler paradoxal à un moment où Blue Origin travaille sur plusieurs programmes d’envergure. Pourtant, selon l’entreprise, ces ajustements permettront d’optimiser les ressources et de mieux répondre aux défis techniques et commerciaux qui l’attendent.
Des projets ambitieux toujours en cours
Malgré cette vague de licenciements, Blue Origin reste engagée dans plusieurs programmes majeurs. New Shepard, son véhicule suborbital réutilisable, a déjà réalisé 29 vols, dont 9 avec équipage, et continue d’être exploité pour le tourisme spatial. L’entreprise développe également New Glenn, une fusée partiellement réutilisable dont le premier vol a eu lieu récemment. Si cette mission a permis d’atteindre l’orbite terrestre, le premier étage de la fusée a échoué lors de son atterrissage, ce qui illustre les défis techniques auxquels Blue Origin doit encore faire face.
En parallèle, Blue Origin travaille sur Blue Moon, un atterrisseur lunaire sélectionné par la NASA pour son programme Artemis qui est destiné à ramener des astronautes sur la Lune. Enfin, Jeff Bezos a longtemps exprimé son ambition de construire de grandes stations spatiales orbitales. Il s’agit d’un projet encore à ses débuts, mais qui pourrait redéfinir l’avenir de l’exploration humaine.

Face à SpaceX : deux stratégies opposées
L’annonce de ces licenciements chez Blue Origin intervient alors que la société SpaceX, son principal concurrent, continue de dominer le secteur spatial privé. Depuis sa création en 2002 par Elon Musk, cette dernière a adopté une stratégie agressive basée sur l’itération rapide, la réduction des coûts et l’automatisation des processus de production. Cette approche lui a permis de développer des fusées réutilisables comme Falcon 9 et Starship, tout en lançant le projet Starlink qui lui assure des revenus récurrents.
À l’inverse, Blue Origin a opté pour une approche plus méthodique axée sur le long terme et la fiabilité. Cependant, cette stratégie s’est souvent traduite par des retards importants, notamment pour New Glenn, dont le premier vol a été repoussé plusieurs fois. Avec ces licenciements, Blue Origin cherche probablement à rendre son organisation plus agile afin de mieux rivaliser avec SpaceX et d’assurer la viabilité de ses projets.
Un signal fort pour l’industrie spatiale privée
Cette vague de licenciements souligne une réalité importante : même les entreprises les mieux financées du secteur spatial privé ne sont pas à l’abri de réajustements stratégiques. Bien que Blue Origin bénéficie du soutien financier de Jeff Bezos, elle doit faire face à une concurrence accrue et à la nécessité de démontrer la rentabilité de ses projets.
Pour les employés concernés, cette restructuration pourrait néanmoins être une opportunité. Avec la croissance du secteur spatial, des agences ou des entreprises comme la NASA, SpaceX ou d’autres startups aérospatiales pourraient absorber une partie de ces talents hautement qualifiés.