(Agence Ecofin) - Le gouvernement béninois est finalement passé à l’action, le lundi 13 septembre, et a déguerpi les occupants de logements de fortune sur la route des pêches à Cotonou. La question des bidonvilles est un défi pour les gouvernements d’Afrique.
Des centaines de familles qui vivent sur le bord de la plage, dans le quartier Fiyégnon 1, à Cotonou, la capitale économique du Bénin, ont été déguerpies des logements de fortune qu'elles occupaient. Des agents accompagnés des forces de maintien de l'ordre ont démoli, le lundi 13 septembre, des dizaines d'habitations laissant de nombreuses femmes et des enfants occupés à ramasser ce qui restait de leurs habitations.
« Je vis ici depuis 40 ans. Le gouvernement nous avait promis plus d'actions sociales. Est-ce cela cette promesse qu'il nous a faite? Je me retrouve à la rue avec mes enfants sans aucune solution », explique Amoussou qui a perdu son logement.
La situation a été rendue complexe par une météo, avec des menaces d’averse. Au-delà de ce drame social, les avis sont partagés. « Ils ne peuvent pas dire qu'ils sont surpris. Cela fait trop longtemps que l'administration explique qu'ils sont sur le domaine public et a entamé plusieurs séances de dialogue. C'est triste de voir cela, mais en même temps, le gouvernement doit avancer sur ses projets d'assainissement urbain », explique une personne présente sur les lieux, comme des centaines d’autres qui se sont arrêtées pour voir ce qui se passait.
On apprend aussi que dans les années antérieures, certaines familles qui logeaient sur ce bord de plage avaient été indemnisées, et le gouvernement leur avait donné un bloc de parcelles en arrière du site actuellement en destruction. Sur ces parcelles là aujourd'hui, on retrouve des constructions, et l'hypothèse la plus largement partagée est que les bénéficiaires initiaux ont vendu leurs espaces.
Les agents publics présents sur le site n'ont pas accepté de se prononcer. Ce bidonville actuellement en destruction contraste avec la voie express flambant neuve construite à quelques mètres. L'ambition d'urbanisation prévoit de construire des espaces de loisirs, mais aussi un hôpital moderne entre autres, selon une personne proche de l'administration, qui a requis l’anonymat.
Le bidonville de la route des pêches de Cotonou est devenu un défi pour les autorités. Selon certains, il abrite de petits voyous qui sont souvent à l'origine de l'insécurité sur la plage, la nuit tombée. Ce que n’admettent pas les habitants des lieux qui crient à la diabolisation. D'autres arguments estiment qu'ils abritent des colonies d'immigrants venus des zones rurales des pays comme le Ghana, le Burkina Faso, le Niger ou le Togo, et qu'il est difficile pour le gouvernement de trancher sur une approche sociale effective.
La situation actuellement vécue à Cotonou se retrouve dans la quasi-majorité des grandes villes africaines. Des quartiers comme Makoko à Lagos au Nigeria, Kibera à Nairobi au Kenya, Nkolmondo à Douala au Cameroun ou encore Boribana à Abidjan en Côte d'Ivoire sont un dilemme pour les gouvernements de ces pays. Les communautés qui y vivent sont diverses, mais partagent en commun d'être exclues de la répartition des richesses.