Basé en France, le cimentier NeoCem a récemment innové pour le secteur du bâtiment. Il est ici question d’un ciment bas-carbone à base d’argile, à la fois écologique et issu d’une production locale. Que dire du processus de fabrication de ce ciment ? Pourquoi s’agit-il d’une innovation intéressante ?
Une production annuelle estimée à 200 000 tonnes
Depuis quelques années, nous entendons de plus en plus parler de béton et de ciment écologique. En 2018 par exemple, une équipe de chercheurs lituaniens avait détaillé ses travaux concernant un béton intégrant des résidus industriels recyclés provenant de centrales à charbon et d’usines d’aluminium. Or, l’absence de chauffage dans le processus de fabrication rend ce dernier plus durable. En effet, la production de ce béton n’occasionne aucune émission de CO2.
En France, la société NeoCem travaille sur un projet assez similaire, à savoir un ciment fabriqué à l’aide d’argile de récupération issue des déblais des travaux du nouveau réseau Grand Paris Express. Comme l’indiquait la plateforme Construction Cayola dans un article du 13 février 2025, NeoCem dispose depuis peu d’une première ligne de production d’argiles activés à Saint-Maximin, dans le département de l’Oise (voir ci-dessous).

NeoCem fabrique un ciment jusqu’à dix fois moins émissif en CO2 que le ciment habituel : seulement 95 kg de CO2 par tonne de ciment produite, contre 822 kg. Avec une production annuelle estimée à 200 000 tonnes (pour 300 000 tonnes de déblais), l’unité devrait éviter des émissions se chiffrant à 150 000 tonnes de CO2 par an.
Revalorisation de déchets et fabrication plus durable
Ces objectifs sont donc possibles grâce au choix d’une matière première intégrant des argiles de récupération. Ceci permet à la fois de revaloriser ces déchets et d’éviter le creusement d’une nouvelle carrière. De plus, la fabrication est possible via une température et un temps de cuisson réduits. NeoCem a en effet recours à une méthode baptisée flash-calcination, se caractérisant par une cuisson à 750°C pendant 5 à 20 secondes contre 1450°C pendant une à deux heures pour le ciment classique.
« Les argiles collectées sont homogénéisées, broyées et séchées. Elles sont rendues réactives [à la cuisson, ndlr] et normalisées afin de devenir des matériaux utilisables dans des applications cimentaires et de liants hydrauliques. », a déclaré Romain Genna, chef de projet chez Neo-Eco, un des partenaires de NeoCem pour le magazine Actu-Environnement le 21 février 2025.
A l’origine, le projet a fait l’objet d’une première étude de faisabilité en 2020, avant la présentation en 2023 des premiers ciments produits par NeoCem via la technique de flash-calcination. L’ouverture de sa première ligne de production d’argiles activés au début du second trimestre 2025 est donc une véritable consécration. De plus, la demande française en ciment est désormais d’environ 18 millions de tonnes par an, si bien que la marge de progression est énorme.