(Agence Ecofin) - Dans le cadre des négociations portant sur le barrage de la Renaissance, les USA viennent de geler une aide de 130 millions $ destinée à Addis-Abeba. Washington accuse l’Ethiopie d’avoir entrepris le remplissage du réservoir du barrage alors qu’aucun accord n’a encore été trouvé avec l’Egypte.
Les Etats-Unis viennent de geler une aide de 130 millions $ initialement destinée à l’Ethiopie. La mesure intervient dans le cadre du dossier de la construction du barrage de la Renaissance qui fait l’objet de tensions entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan depuis plusieurs années.
Alors qu’elle s’est jusque-là présentée comme une médiatrice pour trouver un terrain d’entente entre les trois pays, l’administration Trump semble avoir désormais opté pour la manière forte dans la gestion de ce dossier sensible. En effet, le blocage de ces fonds, initialement destinés à financer des programmes de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de lutte contre le trafic d'êtres humains, vise à mettre la pression sur le gouvernement du Premier ministre, Abiy Ahmed.
En réalité, la nouvelle mesure traduit l’impasse dans laquelle se trouvent actuellement les négociations égypto-éthiopiennes sur le dossier, pilotées par les USA. En effet, Addis-Abeba a toujours accusé Washington de prendre parti pour Le Caire, un de ses alliés traditionnels, et s’est d’ailleurs retiré des pourparlers en appelant l’Union africaine à modérer le différend.
Les USA quant à eux, reprochent à l’Ethiopie d’avoir pris la décision de remplir le réservoir d’eau du barrage alors qu’un accord définitif n’a pas encore été trouvé avec ses voisins.
« Le barrage est à nous ! Nous allons le terminer ensemble ! Avec nos efforts, notre Ethiopie va briller ! », s’est d’ailleurs exprimé Fitsum Arega, l'ambassadeur éthiopien aux Etats-Unis qui a annoncé avoir officiellement envoyé une demande d’explication au département d’Etat américain.
Pour rappel, le barrage de la Renaissance est construit par l’Ethiopie sur fonds propres pour plus de 4 milliards $ sur le Nil bleu, dont l’Egypte dépend pour son alimentation en eau douce. Alors que le pays des pharaons craint que son approvisionnement en eau soit compromis, l’Ethiopie pour sa part estime qu’il n’en sera rien et qu’elle a le droit d’utiliser les ressources de son territoire pour son développement.
Moutiou Adjibi Nourou