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Appendice, dents de sagesse, myopie… Pourquoi notre corps est-il encore plein de bugs ?

Appendice, dents de sagesse, myopie… Pourquoi notre corps est-il encore plein de bugs ?

  • dimanche 20 avril 2025
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L’évolution nous a permis d’être des créatures incroyablement complexes et adaptées à notre environnement. Pourtant, notre corps comporte encore des « bugs » biologiques : des organes inutiles, des défauts gênants et des caractéristiques qui semblent mal optimisées. Pourquoi la nature n’a-t-elle pas corrigé ces imperfections ? Plongeons dans ces bizarreries de l’évolution.


L’appendice : un vestige digestif ?

L’appendice, ce petit tube rattaché à notre intestin, est surtout connu pour son inflammation douloureuse, l’appendicite. Mais pourquoi existe-t-il encore ?

Pendant longtemps, on pensait qu’il s’agissait d’un organe vestigial, un vestige de notre passé évolutif. Nos ancêtres, qui se nourrissaient de végétaux fibreux, possédaient un cæcum bien plus développé pour digérer la cellulose. En évoluant vers un régime plus varié, notre système digestif a réduit ce besoin, rendant l’appendice inutile.

Cependant, des études récentes suggèrent que l’appendice pourrait avoir un rôle dans le système immunitaire, en servant de réservoir pour les bonnes bactéries intestinales. Il jouerait ainsi un rôle dans la régénération du microbiote intestinal après une infection sévère. Pourtant, les humains peuvent vivre sans cet organe, ce qui montre bien son utilité limitée. Malheureusement, il reste sujet à l’appendicite, une inflammation qui peut nécessiter une intervention chirurgicale urgente. Certains chercheurs pensent que la sélection naturelle pourrait finir par le faire disparaître dans certaines populations.


Les dents de sagesse : un héritage encombrant

Les dents de sagesse sont un autre rappel du passé. Nos ancêtres avaient une mâchoire plus large et plus robuste, adaptée à un régime alimentaire composé de viande crue, de racines et de plantes dures. Avec l’évolution de la cuisine et l’usage des outils, nos mâchoires ont rétréci… mais nos dents de sagesse continuent de pousser.

Le problème ? Elles manquent de place, provoquent des douleurs et nécessitent souvent une extraction. Une croissance mal orientée peut aussi entraîner des infections ou des complications orthodontiques.

Pourquoi la sélection naturelle ne les a-t-elle pas encore éliminées ? Le processus d’évolution prend du temps, et il faut plusieurs milliers d’années pour qu’une caractéristique disparaisse totalement. Aujourd’hui, certaines populations humaines montrent déjà une diminution de la fréquence des dents de sagesse, signe que l’évolution est toujours en cours (Barash, 2016). Peut-être qu’un jour, elles disparaîtront totalement.


La myopie : un défaut en hausse

La myopie touche près de 40 % de la population mondiale, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Ce défaut de l’œil empêche de voir de loin, ce qui aurait été un sérieux handicap pour un chasseur-cueilleur. Alors pourquoi est-elle si répandue ?

En réalité, notre œil n’est pas conçu pour la lecture et les écrans. Nos ancêtres passaient la majorité de leur temps à observer l’environnement lointain. Aujourd’hui, notre mode de vie implique des activités en vision rapprochée (lecture, écrans), ce qui favorise l’allongement de l’œil et entraîne la myopie.

Certaines études montrent également une composante génétique à la myopie, ce qui explique pourquoi elle persiste malgré ses inconvénients. Cependant, les avancées en médecine permettent aujourd’hui de la corriger facilement avec des lunettes, des lentilles ou la chirurgie, réduisant ainsi son impact négatif sur la survie et la reproduction.


myope corps

Crédit : iStock

Crédits : Andrey David Piza Pulido/istock

Le nerf laryngé récurrent : une erreur de conception ?

Parmi les exemples les plus fascinants d’inefficacité biologique, on trouve le nerf laryngé récurrent. Chez les humains, ce nerf relie le cerveau aux muscles du larynx… mais au lieu de prendre un chemin direct, il descend jusqu’au thorax, fait une boucle autour de l’aorte, puis remonte.

Ce détour absurde est un héritage évolutif des poissons, chez qui le nerf prenait un chemin logique. Avec l’évolution des cous des mammifères, le nerf a été « étiré » au lieu d’être redirigé.

Chez la girafe, ce nerf fait un détour de près de 4 mètres (Futuyma, 2009), ce qui illustre parfaitement comment l’évolution ne « reconstruit » pas mais « ajuste » progressivement les organismes vivants, parfois de façon inefficace.

La chair de poule : un réflexe obsolète

Pourquoi avons-nous la chair de poule quand il fait froid ou quand nous avons peur ? Ce phénomène était utile à nos ancêtres poilus : il permettait aux poils de se redresser, créant une couche isolante contre le froid ou rendant l’animal plus impressionnant face à un prédateur.

Aujourd’hui, avec notre peau glabre, ce mécanisme est devenu inutile. Il ne nous protège pas du froid, ni des dangers… mais il persiste, un vestige d’un passé où nos ancêtres avaient un pelage épais. Ce réflexe est déclenché par le système nerveux autonome, qui active aussi d’autres réactions physiologiques en cas de stress, comme l’accélération du rythme cardiaque.

Pourquoi ces défauts persistent-ils ?

D’abord, ils ne sont pas assez handicapants. Un organe gênant mais non mortel, comme les dents de sagesse, n’a pas de réel impact sur la survie et la reproduction. Tant que ces défauts ne réduisent pas significativement la capacité d’un individu à transmettre ses gènes, ils peuvent continuer d’exister.

Ensuite, l’évolution est un processus lent. Modifier la structure du corps humain prend des milliers, voire des millions d’années. Même si une caractéristique devient obsolète, elle ne disparaît pas instantanément. Il faut plusieurs générations pour que la sélection naturelle élimine un trait devenu inutile.

Enfin, certains de ces « bugs » conservent une utilité partielle. Par exemple, l’appendice pourrait avoir un rôle immunitaire en stockant des bactéries bénéfiques pour l’intestin, et la chair de poule pourrait encore avoir une influence psychologique, en accentuant les frissons émotionnels.

En somme, une machine imparfaite, mais fonctionnelle

Le corps humain est le résultat de millions d’années d’évolution, mais cela ne signifie pas qu’il est parfait. Nos « bugs » biologiques sont des témoins de notre passé, des vestiges qui rappellent d’où nous venons. Et qui sait ? Dans plusieurs milliers d’années, les dents de sagesse et l’appendice auront peut-être disparu… ou auront trouvé un nouvel usage !

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