Sous l’effet du réchauffement climatique, la calotte glaciaire du Groenland fond. Mais elle n’est pas la seule. Les glaciers des côtes fondent, eux aussi. Et à une vitesse qui s’accélère dangereusement.


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    L'Arctique est tout particulièrement sensible au réchauffement climatique anthropique. Régulièrement, de nouvelles études viennent le confirmer. En ce début de semaine, des travaux montraient que les plateformes de glace du nord du Groenland avaient perdu un tiers de leur volumevolume en moins de 50 ans.

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    La disparition des sentinelles de glace au Groenland est en train de bouleverser les océans

    Aujourd'hui, une étude de chercheurs de l'université de Northwestern (États-Unis) et de l'université de Copenhague (Danemark) publiée dans le journal Nature Climate Change apporte une nouvelle preuve. Elle montre que la vitessevitesse de fontefonte des glaciers du Groenland a été multipliée par deux ces vingt dernières années.

    Des photos anciennes de glaciers du Groenland donnent des informations précieuses

    Et le résultat est important parce que jusqu'ici, les recherches se sont surtout concentrées sur l'étude de la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland. Il faut dire qu'elle couvre quelque 80 % du pays. Mais grâce à des images satellitaires, mais aussi à des milliers de photos aériennes anciennes numérisées, les scientifiques ont cette fois pu analyser la dynamique de plus de 1 000 glaciers sur les côtes du Groenland. Autant de massesmasses de glace distinctes de celle de la calotte.

    L’une des 200 000 photos aériennes anciennes que les chercheurs ont scannées pour mener leur étude sur les glaciers du Groenland. © Danish National Archives
    L’une des 200 000 photos aériennes anciennes que les chercheurs ont scannées pour mener leur étude sur les glaciers du Groenland. © Danish National Archives

    Cela n'avait pas été fait avant, tout simplement parce que les chercheurs ignoraient l'existence de tous ces clichés anciens. Ce n'est qu'il y a 15 ans qu'ils ont redécouvert ces images prises par des pilotes danois à partir des années 1930. Vêtus de combinaisons en fourrure d'ours polaireours polaire, ils s'étaient lancés dans des campagnes de cartographie aérienne du Groenland. Ils ont ainsi collecté plus de 200 000 photos du littoral de l'île et des glaciers des côtes. Pour remonter encore un peu plus loin, les chercheurs se sont appuyés sur des indices dissimulés dans le paysage. Sur les sédiments que les glaciers laissent derrière eux en reculant.

    La fonte accélérée des glaciers du Groenland ne sera pas sans conséquences

    Toutes ces données ont permis aux chercheurs d'établir qu'au cours de ces vingt dernières années, les glaciers du sud du Groenland ont perdu 18 % de leur longueur, tandis que les glaciers des autres régions ont perdu entre 5 et 10 % de leur longueur. Ils soulignent aussi que si tous ces glaciers ne comptent pas pour plus de 4 % de la superficie couverte de glace au Groenland, ils contribuent désormais à 14 % de la perte de glace. « Une part disproportionnée. » Or les chercheurs rappellent que les glaciers du Groenland et de l'Antarctique ont déjà contribué à environ 21 % de l'élévation du niveau de la mer observée au cours des deux dernières décennies. Et que des millions de personnes dans le monde dépendent des glaciers pour leur alimentation en eau douceeau douce, leur agricultureagriculture et leur hydroélectricitéhydroélectricité.


    Les glaciers du Groenland fondent 100 fois plus vite que ce qui était prévu par les anciens modèles !

    Sans relâche, les scientifiques travaillent à améliorer leurs modèles. Pour nous aider à entrevoir ce que nous réserve l'avenir. Aujourd'hui, ils apportent quelques précisions sur la vitesse à laquelle nous devons nous attendre à ce que les glaciers du Groenland fondent dans le contexte de réchauffement climatique anthropique. Et les nouvelles ne sont pas des meilleures.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 27/12/22

    Selon un nouveau modèle développé par des chercheurs de l’université du Texas à Austin (États-Unis), les glaciers du Groenland pourraient être amenés à fondre bien plus rapidement que ce que prévoyaient jusqu’à présent les modèles plus classiques. En image, le Groenland vu de l'espace. © gizemg, Adobe Stock
    Selon un nouveau modèle développé par des chercheurs de l’université du Texas à Austin (États-Unis), les glaciers du Groenland pourraient être amenés à fondre bien plus rapidement que ce que prévoyaient jusqu’à présent les modèles plus classiques. En image, le Groenland vu de l'espace. © gizemg, Adobe Stock

    Il y a quelques semaines, des chercheurs (voir l'article plus bas) nous donnaient des nouvelles déjà peu réjouissantes des glaciers du Groenland. Et aujourd'hui, un nouveau modèle, plus précis que les précédents, semble vouloir le confirmer. Les glaciers du Groenland pourraient fondre beaucoup plus rapidement que ce que les glaciologues pensaient jusqu'à présent.

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    Fonte rapide du Groenland : « ça fait peur » !

    Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que les estimations des scientifiques reposaient jusqu'à récemment sur des résultats obtenus sur les glaciers de l'Antarctique. « C'était le mieux que nous pouvions faire, commente Kirstin Schulz, chercheur, dans un communiqué de l’université du Texas à Austin (États-Unis). Mais il y a de plus en plus de preuves que cette approche produit des taux de fonte trop faibles sur les fronts verticaux -- comprenez là où la glace rencontre l'océan de manière abrupte -- des glaciers du Groenland ».

    Pour comprendre l’importance de leur travail, les chercheurs rappellent que les glaciers du Groenland représentent la deuxième plus grande étendue glacée sur Terre. S’ils venaient à fondre complètement, le niveau de la mer pourrait s’élever de plus de 6 mètres ! © remotevfx, Adobe Stock
    Pour comprendre l’importance de leur travail, les chercheurs rappellent que les glaciers du Groenland représentent la deuxième plus grande étendue glacée sur Terre. S’ils venaient à fondre complètement, le niveau de la mer pourrait s’élever de plus de 6 mètres ! © remotevfx, Adobe Stock

    En cause, l’interaction glace/océan

    Cette fois, les scientifiques ont intégré à leur modèle la physiquemodèle la physique particulière des fronts glaciaires du Groenland et de leurs interactions avec l'océan. Et ils l'ont alimenté de données recueillies à l'aide de kayaks robotisés bourrés de capteurscapteurs. Des kayaks qui ont pu aller là où personne n'ose s'aventurer. De peur que les glaciers s'effondrent. À moins de 400 mètres du bord du glacier LeConte. Il se situe certes en Alaska. Mais il présente des similitudes avec les glaciers du Groenland. Et les données montrent qu'il fond 100 fois plus vite que le prédisaient les modèles existants.

    C'est donc en tenant compte de la pente avec laquelle les glaciers du Groenland rencontrent l'océan que les chercheurs ont établi de nouvelles équationséquations pour décrire leur fonte. Dans l'espoir de mieux prédire les tendances associées au réchauffement climatique anthropique. Et elles ne sont pas bonnes. Puisque ce nouveau modèle suggère une fonte bien plus rapide que les anciens.


    Le Groenland fond beaucoup plus vite que prévu !

    Alors que la TerreTerre se réchauffe, la glace de l'Arctique fond. Et plus les scientifiques étudient le phénomène, plus ils semblent découvrir qu'elle fond rapidement. Une nouvelle étude menée du côté du Groenland montre que les modèles ont jusqu'alors sous-estimé la vitesse de fonte durant notre siècle.

    Article de Nathalie Mayer paru le 09/11/2022

    La glace du Groenland pourrait bien être en train de fondre encore plus vite que le pensaient les chercheurs. Ici, une rivière formée par des eaux de fonte du glacier Zachariae Isstrom, dans le nord-est du Groenland. © Shfaqat Abbas Khan, DTU Space
    La glace du Groenland pourrait bien être en train de fondre encore plus vite que le pensaient les chercheurs. Ici, une rivière formée par des eaux de fonte du glacier Zachariae Isstrom, dans le nord-est du Groenland. © Shfaqat Abbas Khan, DTU Space

    Sous l'effet du réchauffement climatique, la calotte polaire arctique est en train de fondre. Les scientifiques suivent le phénomène de très près. Ils ont ainsi beaucoup étudié ce qui se passe à l'avant de la calotte. Sur les côtes du Groenland, notamment. Des régions faciles d'accès et dans lesquelles « il se passe beaucoup de choses ». Mais aujourd'hui, une équipe internationale de chercheurs nous apprend qu'il se passe aussi des choses à l'intérieur des terres. Des choses pas vraiment réjouissantes.

    À l'aide de données GPSGPS et satellitaires ainsi que d'une modélisationmodélisation numériquenumérique, les scientifiques se sont aventurés au-delà des glaciers Nioghalvfjerdsfjord -- c'est de ce glacier qu'un iceberg de la taille de Paris s'était détaché il y a plus de deux ans, maintenant -- et Zachariae Isstrom, tous deux situés dans le nord-est du Groenland. Et c'est ainsi qu'ils ont découvert que la fonte initiée en 2004 et accélérée dans la région par l'intrusion d'un courant océanique chaud en 2012 ne s'est pas arrêtée sur les côtes. Mais qu'elle s'est étendue à l'intérieur des terres. Jusqu'à 200 à 300 kilomètres.

    La désintégration du glacier Zachariae Isstrom sur une image du satellite Landsat, en août dernier. © Christopher Shuman, University of Maryland
    La désintégration du glacier Zachariae Isstrom sur une image du satellite Landsat, en août dernier. © Christopher Shuman, University of Maryland

    Les chercheurs notent que l'hiverhiver 2021 et l'été 2022 plutôt froids dans la région ne semblent rien avoir arrangé. Car le nord-est du Groenland est comme un désertdésert. Il n'y a neigé par endroits pas plus de 25 millimètres par an. Pas de quoi, donc, compenser la fonte de la calotte glaciaire. Ainsi, inexorablement, les glaciers se retirent vers l'intérieur des terres et la calotte s'amincit.

    Une contribution à la montée du niveau de la mer

    Les chercheurs envisagent que le phénomène pourrait également se produire sur d'autres glaciers du Groenland. Dont la fonte s'est elle aussi accélérée sur les côtes ces dernières années. Le tout ne rendant pas nécessairement la calotte entière plus instable. Elle pourrait cependant bien se révéler plus sensible aux changements qui se produisent le long des côtes. La fonte de la glace dans le grand bassin du nord-est pourrait ainsi se produire beaucoup plus rapidement que les modèles le prévoyaient.

    « Warming stripes » pour le Groenland, de 1901 à 2021. Chaque bandelette correspond à une année. La couleur reflète l'intensité de l'anomalie des températures mesurées par rapport à l'ère préindustrielle. Le bleu pour les plus froides que la moyenne, et le rouge pour les années les plus chaudes que la normale. © ShowYourStripes.info
    « Warming stripes » pour le Groenland, de 1901 à 2021. Chaque bandelette correspond à une année. La couleur reflète l'intensité de l'anomalie des températures mesurées par rapport à l'ère préindustrielle. Le bleu pour les plus froides que la moyenne, et le rouge pour les années les plus chaudes que la normale. © ShowYourStripes.info

    Tout cela pourrait bien forcer les scientifiques à revoir les estimations d'élévation du niveau de la mer prévues pour 2100. Le Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, évoque une hausse globale comprise entre 22 et 98 centimètres. Mais ces derniers travaux sur le Groenland laissent penser que la région pourrait contribuer jusqu'à six fois plus qu'envisagé jusqu'alors à l'élévation du niveau des mers d'ici 2100. Les chercheurs parlent de 13,5 à 15,5 millimètres supplémentaires. Autant que la contribution de l'ensemble de la calotte du Groenland ces 50 dernières années !

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    Réchauffement climatique : la fonte des glaces aux pôles est six fois plus rapide qu’il ya 30 ans

    Pour en avoir le cœur net, les scientifiques devront continuer à récolter un maximum de données à l'intérieur des terres hostiles du Groenland. Des données qui alimenteront leurs modèles et donneront alors des projections de plus en plus réalistes de ce qui nous attend dans le contexte de réchauffement climatique anthropique.