PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
Les fourmis aussi peuvent sentir le cancer

Les fourmis aussi peuvent sentir le cancer

  • lundi 30 janvier 2023
  • 42

Les fourmis n’ont pas de nez. Elles communiquent en effet grâce à de larges réseaux de phéromones, et possèdent des récepteurs olfactifs étendus et très complexes le long de leurs antennes. Les odeurs sont ensuite traitées par environ 500 glomérules situés dans leur petit cerveau. Cet incroyable « odorat », qui permet à ces insectes de communiquer d’entre eux, pourrait également détecter des tumeurs cancéreuses.


Fourmis et cancer


En se développant dans le corps, les tumeurs cancéreuses libèrent des composés organiques volatils. Ces derniers sont souvent évacués par la respiration, mais aussi dans les fluides corporels tels que la sueur et l’urine. Nous savons que les chiens entraînés sont parfois capables de détecter ces odeurs, mais ils ne sont pas les seuls. Selon une nouvelle étude publiée dans les Actes de la Royal Society B, les fourmis seraient en effet elles aussi capables de repérer la présence de ces composés dans l’urine.







Baptiste Piqueret, éthologue à l’Université Sorbonne Paris Nord et principal auteur de ces nouveaux travaux, savait déjà que les fourmis pouvaient détecter les composés organiques volatils émanant des cellules cancéreuses. Avec son équipe, il avait en effet précédemment découvert que ces insectes pouvaient être conditionnés à associer l’odeur des cellules cancéreuses à une récompense pour ensuite faire la distinction entre les cellules cancéreuses et saines, mais aussi entre deux lignées cancéreuses cultivées dans des boîtes de Pétri.


Pour cette nouvelle étude, les chercheurs ont cette fois utilisé de vraies tumeurs. Dans un premier temps, Baptiste Piqueret et son équipe ont transplanté des tumeurs du sein chez des souris (xénogreffes). Ces tumeurs ont grandi, puis les chercheurs ont collecté l’urine des rongeurs. Ils ont également prélevé de l’urine saine. Ils ont alors entraîné les fourmis à associer l’odeur des tumeurs à une récompense en plaçant une goutte d’eau sucrée devant l’urine des souris cancéreuses. Il n’a fallu que quelques minutes aux fourmis pour comprendre cette association. À titre de comparaison, un tel processus prend environ six mois chez les chiens.


fourmis chiens cancer
Crédits : andarapz/Pixabay

Une preuve de concept


Le cancer est encore la première cause de mortalité dans le monde avec plus de dix millions de décès dans le monde et plus de 19 millions de cas déclarés rien qu’en 2020. Une façon d’augmenter le taux de survie est d’anticiper le diagnostic. En effet, plus les tumeurs sont détectées tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Cependant, les méthodes actuelles de détection précoce sont souvent invasives et/ou coûteuses. Par conséquent, peu de personnes en profitent.







En France, par exemple, moins de la moitié de la population à risque a subi un dépistage du cancer du sein en 2019 (le plus répandu chez les femmes). Pourtant, la France est considérée comme un pays relativement riche.


L’exploitation de la biologie des insectes est donc une approche nouvelle, mais prometteuse pour la détection de ces maladies. Utiliser des fourmis pour détecter le cancer ne se fera pas en un jour. Il ne s’agissait ici que d’une preuve de concept impliquant des souris, mais les preuves s’accumulent. Au cours de ces prochaines années, les chercheurs élargiront leur étude en utilisant l’urine d’humains atteints de cancers particuliers.



Retrouver cet article sur Sciencepost
Ils canalisent la foudre grâce à un faisceau laser Article précédent
Ils canalisent la foudre grâce à un faisceau laser
À 45 ans, cette figure de la biotech tente d’inverser le vieillissement de son corps Article suivant
À 45 ans, cette figure de la biotech tente d’inverser le vieillissement de son corps

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire

Rechercher

Les plus populaires