(Agence Ecofin) - Ces dernières années, plusieurs pays du golfe de Guinée, voisin du Sahel, ont subi des incidents liés aux activités terroristes. Une situation qui confirme, selon les Nations unies, « la réalité du déplacement des actes de terrorisme du Sahel vers les pays côtiers ».
Quatre pays du golfe de Guinée (Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana et Togo) vont bénéficier d’un programme de 450 millions de dollars de la Banque mondiale pour l’amélioration des conditions de vie des populations. L’information a été rendue publique par l’institution, le jeudi 31 mars, via un communiqué de presse.
Le programme durera cinq ans et impactera 4600 communautés des zones frontalières de ces Etats. Son objectif est de « prévenir de manière proactive la propagation des conflits en provenance du Sahel, réduire la vulnérabilité au changement climatique et renforcer les institutions locales, les opportunités économiques et la confiance du public ».
« Ce projet répond à la complexité de la crise en soutenant des solutions interconnectées et coordonnées au niveau régional, des efforts en matière de sécurité, la gestion des risques climatiques et des catastrophes, et le renforcement des capacités de l'Etat », a déclaré Coralie Gevers, directrice pays de la Banque mondiale pour les pays du golfe de Guinée.
Plus concrètement, ce programme dénommé « Projet de cohésion sociale des régions septentrionales du golfe de Guinée » aidera au « renforcement des institutions locales qui joueront un rôle central dans la planification des investissements en matière de développement local et dans la promotion de la cohésion sociale et de la confiance ». En outre, il fera la promotion des jeunes et des femmes (considérés comme vulnérables) « pour développer des solutions personnalisées et maximiser l'impact régional face aux défis communs ».
A la fin du projet, 16 millions de personnes bénéficieront de l’amélioration du développement communautaire, de l'agriculture, de l'inclusion des jeunes et du développement numérique. Il permettra par ailleurs, de développer une plateforme de collaboration régionale qui favorisera les flux transfrontaliers d'informations et le dialogue politique.
« Nous combinons cela avec une approche ascendante et adaptée en sélectionnant les investissements qui peuvent promouvoir un sentiment d'inclusion et de cohésion parmi les populations locales », a précisé la directrice de la Banque mondiale pour l'intégration régionale en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Boutheina Guermazi.
Le 8 juillet dernier, le chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh Annadif, interpellait les Nations unies sur le risque d’une « jonction » entre les défis sécuritaires créés par le terrorisme dans le Liptako-Gourma (région frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger) et dans le bassin du Lac Tchad, et la criminalité le long des côtes du golfe de Guinée.
Il avait, à cet effet, préconisé une approche régionale pour endiguer la menace. Le responsable onusien a également annoncé la mise sur pied, par l’UNOWAS et d’autres agences des Nations unies d’un groupe de travail régional sur le changement climatique, la sécurité, l'environnement et le développement.
Notons que plusieurs défis sécuritaires demeurent dans cette partie du continent. D’après l’ONU, elle est l’endroit qui enregistre le plus grand nombre d’enlèvements de marins contre des rançons dans le monde. Ce qui coûte près de 1,94 milliard de dollars par an aux pays de la sous-région, et une perte de 1,4 milliard de dollars par an en termes de tarifs d’importation.
Jean-Marc Gogbeu