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En Australie, le gouvernement finance directement les projets de lithium, de quoi inspirer les pays africains ?

En Australie, le gouvernement finance directement les projets de lithium, de quoi inspirer les pays africains ?

  • vendredi 11 novembre 2022
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(Agence Ecofin) - L’essentiel des projets de métaux critiques en Afrique est développé grâce à du financement étranger provenant d’Etats ou d’investisseurs privés. Cela réduit la marge de manœuvre des gouvernements africains en matière de développement d’une chaîne d’approvisionnement au niveau local.


La compagnie minière australienne Pilbara Minerals a annoncé le 11 novembre l’obtention d’un financement de 250 millions de dollars australiens (166 millions $) pour augmenter sa production de lithium à la mine Pilgangoora, en Australie-Occidentale. Les fonds seront octroyés par le gouvernement de Canberra à travers deux agences fédérales.


La moitié du financement proviendra de l’Export Finance Australia, agence fédérale apportant des solutions de financement aux exportateurs australiens, et l’autre moitié sera fournie par Northern Australia Infrastructure Facility, un mécanisme de prêt doté de 5 milliards de dollars australiens au service de certains projets dans plusieurs Etats fédérés, dont l’Australie-Occidentale.



Dans le détail, les fonds serviront à ajouter annuellement 100 000 tonnes de concentré de spodumène (minerai contenant le lithium) à la production de la mine. Une partie sera également affectée à l’achat et la mise en service d’une nouvelle installation de concassage et de tri du minerai, ainsi qu’à d’autres projets d’agrandissement de la mine.


« Le soutien continu du gouvernement australien est un appui important pour Pilbara Minerals, qui est un acteur majeur dans la chaîne d’approvisionnement mondiale croissante du lithium, et démontre l’engagement du gouvernement australien envers notre industrie nationale des minéraux essentiels », a commenté Dale Henderson, PDG de la compagnie.


Il faut noter que ce n’est pas la première fois que le gouvernement fédéral australien facilite l’activité des compagnies minières en leur fournissant du financement, surtout dans les projets liés aux « métaux du futur », comme le lithium, les terres rares ou le graphite.


Considérées comme essentielles à la transition énergétique en cours, ces ressources sont en effet au cœur d’une bataille mêlant les pays développés, les grandes puissances comme la Chine et les Etats-Unis, mais aussi quelques pays émergents ou en voie de développement (Afrique et Amérique latine).


Cette bataille oblige plusieurs Etats à intervenir pour soutenir les champions nationaux, afin de sécuriser l’approvisionnement en ces métaux pour leurs industries, dans des secteurs variés comme les véhicules électriques, les énergies renouvelables, l’électronique et l’armement.


Cette année par exemple, la compagnie minière EcoGraf, active sur le projet de graphite Epanko en Tanzanie, a obtenu en février un prêt pouvant aller à 40 millions $ via un autre mécanisme fédéral de prêt dénommé Critical Minerals Facility. Plus récemment en septembre, c’est six projets portant sur les métaux dits critiques qui ont obtenu des subventions de 50 millions de dollars australiens.



En Chine, un nouveau géant mondial dans la production des terres rares a été créé l’année dernière grâce à la fusion de plusieurs grands producteurs nationaux. Pékin finance aussi le développement de plusieurs projets de graphite ou de lithium dans les pays africains et en Amérique latine.


A quand le tour des pays africains ?


L’importance de l’Afrique dans l’approvisionnement mondial en métaux essentiels à la transition énergétique n’est plus à démontrer. Cette position du continent encourage déjà plusieurs grandes puissances à prendre des participations dans les projets les plus prometteurs du continent, aussi bien à travers des entités publiques que des compagnies privées. Ces milliards investis devraient certes permettre aux pays africains d’exploiter plus facilement et plus rapidement leurs ressources, mais l’agenda des bailleurs de fonds étrangers ne coïncide pas toujours avec les intérêts des populations locales.


Qu’ils soient chinois, russes, australiens, japonais ou américains, les financements dans les projets de lithium, de terres rares ou de graphite en Afrique visent avant tout à permettre l’extraction et l’exportation du minerai vers des industries situées hors du continent. Ces dernières se chargent ensuite de la transformation en produits utilisables directement pour produire les batteries des véhicules électriques, les puces électroniques, les aimants des turbines éoliennes, etc. Cette pratique prive donc les pays producteurs d’une part importante des revenus liés aux ressources qu’ils possèdent.


Si les gouvernements africains sont de plus en plus nombreux à inciter, voire obliger, les investisseurs étrangers à installer des usines de transformation directement dans les pays où ils produisent le minerai, l’efficacité de cette méthode n’a pas encore fait ses preuves, pour des raisons diverses, dont l’insuffisance de l’approvisionnement électrique.


L’alternative à cette stratégie pourrait être de privilégier enfin le financement public de certains projets en faveur notamment de juniors minières locales ou d’entreprises d’Etat. Cela donnerait davantage de poids aux orientations stratégiques des gouvernements pour la transformation locale des minerais tout en favorisant l’émergence de champions nationaux dans les pays miniers africains.


Emiliano Tossou


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