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Changement climatique : parmi les pays du G20, ceux qui font quelques efforts… et ceux qui s’en moquent

Changement climatique : parmi les pays du G20, ceux qui font quelques efforts… et ceux qui s’en moquent

  • vendredi 27 novembre 2020
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(Agence Ecofin) - En 2015, les Etats ayant adhéré à l’Accord de Paris se sont engagés à mettre fin à leur soutien aux combustibles fossiles et à rendre leurs flux financiers compatibles avec une trajectoire de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre. Malgré cet engagement, les pays du G20 ont continué à apporter un soutien considérable aux combustibles fossiles. Cette contradiction a été décryptée par l’Institut international du développement durable (IIDD), à travers un tableau de bord qui récapitule le financement des énergies sales par le G20, au cours des trois dernières années. Edifiant.


584 milliards de dollars par an


Selon l’IIDD, entre 2017 et 2019, les gouvernements du G20 ont fourni en moyenne 584 milliards de dollars par an à leurs entreprises publiques en charge du pétrole et du gaz. Ceci, sous forme de transferts budgétaires directs, de subventions, de dépenses fiscales, de soutien face à la crise et d'investissements divers. Une somme exponentielle qui représente tout de même une baisse de 9% par rapport à leurs investissements annuels dans le secteur entre 2014 et 2016. Il faut dire que ce recul plus ou moins important, est dû à l’instabilité que connaissent les cours, depuis la mi-2014, contraignant les entreprises à réduire leurs dépenses en investissement. Une situation qui a eu un effet induit sur les investissements des Etats dans le secteur.


1dollar peÌtrole


Sur l’enveloppe annuelle des 584 milliards de dollars, on estime que 277 milliards de dollars, soit 47% du soutien aux fossiles, sont injectés uniquement dans l’amont, précisément dans la production d’hydrocarbures.


Sur l’enveloppe annuelle des 584 milliards de dollars, on estime que 277 milliards de dollars, soit 47% du soutien aux fossiles sont injectés uniquement dans l’amont, précisément dans la production d’hydrocarbures.


Pour l’Institut, ces financements sont en grande partie responsables de la persistance du réchauffement climatique et les choses ne risquent pas de s’améliorer. Le document de l’IIDD indique qu’au sein des 20 pays les plus riches du monde, le soutien aux combustibles fossiles, en réponse à la COVID-19, risque d'anéantir le peu de progrès réalisés entre 2014 et 2019.


Il faut savoir que les experts de l’Institut jugent déjà insuffisants les progrès réalisés pendant cette période. Au sujet des risques d’annulation des efforts déjà consentis, il faut savoir que plus de 170 milliards de dollars ont été exceptionnellement déboursés entre le 1er janvier et le 12 août 2020 par les gouvernements du G20 au profit de leurs entités en charge du pétrole et du gaz. Ceci, pour mieux faire face à la crise actuelle du secteur. Ces 170 milliards de dollars, ajoute l’IIDD, représentent probablement une « sous-estimation en raison de la nature dynamique des réponses des gouvernements à la crise de la COVID-19 et d'un manque de transparence qui ne permet pas de quantifier de nombreuses politiques de soutien au secteur pétro-gazier ».


Quoi qu’il en soit, l’Institut international du développement durable reste ferme sur ses prévisions et annonce qu’à cette allure, aucun pays du G20 n’atteindra les objectifs climatiques fixés, c’est-à-dire limiter le réchauffement climatique à 2°C et éliminer les gaz à effets de serre. Si aucun pays du groupe n’a atteint un score probant dans la limitation des financements aux énergies fossiles, il faut tout de même remarquer que certains pays de la zone font plus d’efforts que d’autres.


Les bons et les mauvais élèves


Pour suivre les progrès des pays du G20 vers l’élimination progressive du soutien aux énergies fossiles, l’IIDD a identifié sept indicateurs qui ont permis de déterminer les leaders et les retardataires dans la course vers un monde sans carbone. Ces critères sont : la transparence des investissements ; les engagements envers des énergies plus propres ; l’échelle de soutien pour l'exploration du charbon, sa production, son traitement, et son transport ; l’échelle de soutien pour le pétrole et le gaz, l’exploration, la production, le raffinage et le transport ; l’échelle de soutien pour l’énergie des combustibles fossiles ; l’échelle de soutien pour l’utilisation des combustibles fossiles ; les progrès réalisés dans l’arrêt du soutien aux combustibles fossiles.


2 G20 OCDE


La Grande Bretagne mutiplie les investissements polluants sans retenue.


D’après ces indicateurs, l’Allemagne est le meilleur élève du G20 en matière de réduction des investissements dans les combustibles fossiles. La première économie européenne a obtenu un score de 71/100, notamment grâce à la transparence de ses investissements dans le secteur, et son solide engagement en faveur des énergies renouvelables.


D’après ces indicateurs, l’Allemagne est le meilleur élève du G20 en matière de réduction des investissements dans les combustibles fossiles.


L’Allemagne veut d’ailleurs devenir le leader européen de l’hydrogène, un carburant neutre en carbone. En juin dernier, le pays a adopté un plan de relance post-COVID, qui vise à injecter 9 milliards de dollars dans ce secteur pour lequel il possède une certaine avance technologique. Cependant, il faut dire qu’en matière de soutien pour l’utilisation des combustibles fossiles et les progrès réalisés dans l’arrêt du soutien aux combustibles fossiles, les efforts de l’Allemagne sont très peu encourageants.


Parmi les pays membres de l’OCDE du G20, le pays d’Angela Merkel partage le podium avec la France et le Japon. Alors que la Turquie, le Mexique et le Royaume-Uni décrochent les moins bonnes notes. La transparence des investissements dans les énergies fossiles chez ces trois pays est respectivement : opaque, médiocre et opaque.


Le Royaume-Uni, la pire note du classement, manque de transparence en ce qui concerne l'aide publique aux énergies fossiles et continue de soutenir les consommateurs de combustibles fossiles en fournissant des transferts budgétaires directs. Le Mexique, quant à lui, continue de fournir un soutien important à la production de pétrole et de gaz et à l'électricité produite à partir de combustibles fossiles, notamment par le biais d'investissements dans les entreprises d'Etat. La Turquie, elle, manque également de transparence et continue de soutenir la production de charbon et l'utilisation de combustibles fossiles.


Si elle n’a, officiellement, de cesse de prêcher pour les énergies renouvelables, la Banque Mondiale a, entre 2014 et 2018, investi au moins 21 milliards de dollars dans les énergies fossiles, contre une fourchette de 7 à 15 milliards de dollars dans les énergies propres.


Parmi les pays non membres de l'OCDE et membres du G20 (dont les BRICS), le Brésil a enregistré le meilleur score, tandis que l'Arabie saoudite a obtenu le moins bon. L'Arabie saoudite continue de soutenir la production de pétrole et de gaz et l'utilisation de combustibles fossiles, principalement en raison des importantes dépenses d'investissement de ses entreprises d'Etat et du soutien à l'utilisation de combustibles fossiles par le biais de prix de l'énergie peu élevés. La transparence des investissements y est assez opaque et les progrès réalisés dans l’arrêt du soutien aux combustibles fossiles sont qualifiés par l’IIDD de médiocres.


3 G20 non OCDE


Les mauvais élèves du G20 trouvent notamment du soutien auprès de la Banque mondiale qui fait tout aussi montre d’une grande contradiction, s’agissant de ses engagements pour le climat. Si elle n’a, officiellement, de cesse de prêcher pour les énergies renouvelables, l’institution de Bretton Woods a, entre 2014 et 2018, investi au moins 21 milliards de dollars dans les énergies fossiles, contre une fourchette de 7 à 15 milliards de dollars dans les énergies propres.


Olivier de Souza


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