(Agence Ecofin) - L’Afrique subsaharienne, à travers ses Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), veut se sécuriser un accès à des vaccins contre la variole du singe. Pendant ce temps, plusieurs pays de la zone dénombrent des cas d'inondations ces dernières semaines, un contexte qui n'est pas sans rappeler les défis sanitaires nouveaux, liés aux changements climatiques… Survol de l’actualité sanitaire sur le continent cette semaine.
Le changement climatique aggraverait plus 58% des maladies infectieuses humaines
Plus de la moitié des maladies infectieuses humaines (58 %) seraient déjà aggravées dans le monde par le changement climatique, selon une étude publiée cette semaine (le lundi 8 août) dans la revue « Nature Climate Change ».L’étude américaine, coordonnée par Erik Franklin, géographe de l’université d’Hawaï, a analysé l’impact de l’évolution du climat sur les maladies infectieuses, en scrutant les neufs facteurs climatiques liés aux GES, dont le réchauffement atmosphérique, la sécheresse, ou encore les incendies de forêt et les inondations.
Concrètement, 218 des 375 maladies humaines connues liées à des pathogènes (dont le paludisme, la dengue, les encéphalites…), ont déjà été par le passé aggravées par les perturbations climatiques en lien avec les émissions de gaz à effet de serre (GES), selon la méta-analyse qui a évalué qui a examiné plus de 77 000 études déjà existantes. Parmi elles, 160 maladies ont été aggravées par le réchauffement, 122 par les précipitations excessives, 121 par les inondations. En comparaison, seulement 16 % de ces maladies ont parfois été atténuées par les aléas climatiques.
Même si certains experts estiment que le taux de 58 % doit être relativisé, l’étude veut tout de même proposer un ordre de grandeur sur l’impact possible des aléas climatiques futurs sur l’évolution des maladies infectieuses, notamment en Afrique.
Variole du singe : Le CDC Afrique négocie pour obtenir des vaccins
Le CDC Afrique, qui rassemble les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, veut sécuriser un accès à des vaccins contre la variole du singe. Il serait en « discussions très avancées » avec au moins deux partenaires, pour combler une partie des besoins potentiels, a indiqué le directeur par intérim de l'agence de santé publique panafricaine, Dr Ahmed Ogwell, dans un point de presse jeudi dernier.
Ces partenaires sont « principalement des institutions multilatérales et des gouvernements non africains », ajoute-t-il, selon une information rapportée par l’Associated Press. Par ailleurs, un essai clinique est en cours au Congo pour un vaccin, le Jynneos, qui fait l'objet d'une autorisation d'utilisation d'urgence, selon les précisions du Dr Ogwell.
Sur le continent africain, on dénombre un total de 80 nouveaux cas et un nouveau décès dû au monkeypox depuis le 3 août dernier, selon le dernier point du CDC Afrique. La pathologie présente ainsi un taux de létalité de 1 %. Les cas ont principalement été signalés en République démocratique du Congo (RDC) et au Nigeria (pays endémiques). Au total, 2947 cas (2567 cas suspects et 380 cas confirmés) et 104 décès (létalité de 3,5 %) ont été signalés dans 11 États membres de l'Union africaine depuis janvier 2022. Au 10 août 2022, 31 800 cas confirmés de monkeypox ont été signalés dans 89 pays dans le monde. Ces pays se trouvaient principalement en Europe et en Amérique du Nord.
Togo : campagne pour vacciner 1,8 million d’enfants contre la Polio
Le Togo lance une campagne de vaccination contre la poliomyélite, du 15 au 18 août 2022 sur l’ensemble du territoire. Selon les autorités sanitaires locales, cette campagne de vaccination, qui vise à immuniser 1 850 000 enfants, est en riposte à des quelques cas de poliovirus sauvage décelés cette année et l’année précédente (des cas dérivés de souches dues à une mutation du virus). « Cette campagne va permettre d’interrompre la transmission du virus. À la fin de cet exercice, nous entendons vacciner les enfants de 0 à 5 ans dont le nombre est estimé à 1 850 000. Si nous n’arrivons pas à vacciner tous les enfants, le risque sera toujours présent », a indiqué Dr Kokou Wotobe, Secrétaire Général du ministère de la Santé togolais. En 2017, le pays de 8 millions d’habitants avait été déclaré indemne de la poliomyélite sauvage.
Inondations en Ouganda : Plus de 5 600 déplacés et 29 décès
Dans son dernier rapport hebdomadaire sur la situation sanitaire en Afrique, l’OMS est revenue sur les inondations en Ouganda. En effet, le pays d'Afrique australe a connu, dans la matinée du dimanche 31 juillet 2022, des inondations et des glissements de terrain dans certaines l’est, en particulier dans les districts situés autour de la région du Mont Elgon. Ces intempéries ont fait 29 morts et d'autres disparus. Environ 4000 foyers (environ 20 000 personnes) ont été touchés depuis le 31 juillet, et 5600 personnes ont été déplacées, tandis que 400 000 personnes ont été coupées du réseau national d'approvisionnement en eau. Le gouvernement, ainsi que plusieurs agences d’appui dont l’UNICEF et la Croix-Rouge, ont déployé des équipes pour aider les populations.
Rougeole au Libéria (5923 cas, 71 décès, létalité de 1,2%)
En Afrique de l’Ouest, la flambée de rougeole qui a débuté le 13 décembre 2021 au Liberia, se poursuit et part à la hausse, constate l’OMS. Au total, plus de 5900 suspects ont été signalés, dont 5528 cas confirmés (93,3 %) au 20 juillet 2022. 71 décès ont été enregistrés, à ce jour, soit un taux de létalité de 1,2 % parmi tous les cas suspects. Dans le pays, les trois comtés qui comptent le plus grand nombre de cas suspects sont Montserrado (3 265 cas), qui abrite la capitale, Nimbe (608 cas) et Margibi (495). En réponse à cette flambée, qui s'est intensifiée depuis mars 2022, des réunions de coordination sont organisées régulièrement pour le suivi continu des données de surveillance, indique-t-on.
Inondations au Niger : plusieurs régions touchées
Dans le Sahel, le Niger aussi est aux prises avec les inondations. Entre le 18 et le 31 juillet 2022, un total de 231 villages/quartiers de six régions (Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillaberi et Zinder) ont été touchés par de fortes pluies, rapporte l’OMS.
Au total, 50 127 personnes ont été déplacées de 5625 maisons et 801 huttes effondrées. 22 décès ont été signalés, dus à des noyades et à des blessures causées par des débris. La région de Zinder, au centre Sud du pays, a connu le plus grand nombre de déplacés, avec plus de la moitié des personnes affectées.
Ayi Renaud Dossavi
