(Agence Ecofin) - Depuis plusieurs mois, les deux autorités qui se font réciproquement un procès en légitimité, sont engagées dans un bras de fer.
Mohammed Aoun, le ministre libyen du Pétrole a annoncé, le 19 octobre, avoir ordonné la suspension et la soumission à une enquête, du président de la société publique du pétrole (NOC), Mustapha Sanallah. Il lui est reproché la violation de plusieurs règles procédurales et administratives.
D’après les précisions de la presse libyenne, Aoun reproche à Sanallah d’avoir omis d’obtenir l’autorisation préalable du ministre de l’Energie pour l’exécution de travaux officiels et la réalisation de rapports sur ses tâches à la tête de la société. Aussi, Sanallah est-t-il accusé d’avoir procédé à la nomination d’un membre du Conseil d’administration de la NOC au mépris des règles de l’institution tout en refusant de transférer des postes clefs de la NOC au ministère de l’Energie.
Il faut savoir que cette décision intervient dans un contexte politique tendu où deux jours auparavant, le vice-premier ministre libyen, Hussein Al-Gotrani avait ordonné au président de la NOC de ne traiter des questions pétrolières qu’avec lui. Al-Gotrani soutient que cela permettra de garantir l’unité des institutions souveraines de l’Etat.
Depuis la mise en place du gouvernement national d’union en Libye et la nomination de Mohammed Aoun à la tête du portefeuille pétrolier, les relations avec Sanallah n’ont jamais cessé de se dégrader. Pour le ministre, la nomination de Sanallah en 2014 est illégale, car elle ne respectait pas les règles préétablies.
De son côté, Sanallah estime qu’il n’a aucune leçon à recevoir d’un ministre qui n’a « aucune idée des efforts qu’il a fallu faire pour redresser l’offre pétrolière pendant la crise ». En effet, les autorités libyennes sont unanimes sur le leadership de Sanallah pendant les affrontements pour maintenir la production, la redresser en cas de besoin et favoriser les rentrées pour les caisses publiques.
Fin août, Aoun avait déjà prononcé la suspension de Sanallah pour avoir voyagé hors du territoire sans son accord. Finalement, il avait été maintenu à son poste par le Premier ministre Hamid Dbeibah. Celui-ci avait alors souligné que « la stabilité du secteur pétrolier libyen exige de la sagesse » et que « les problèmes qui pourraient menacer cet objectif devaient être résolus ».
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